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Finkielkraut, la logique de l’épouvante

Alain Finkielkraut aime apporter une note dissonante au discours prédominant en enrichissant le débat public de ses interventions sur des sujets aussi divers que le procès Papon, la Bosnie, les réseaux pédophiles, la corruption ou la montée en puissance des partis d’extrême droite. Ce philosophe, fils unique d’un maroquinier juif, survivant du camp d’Auschwitz, est né à Paris en 1949. C’est un habitué des médias. Il a un discours et des arguments qui désarment généralement ses adversaires. Il exploite ce discours dans ses écrits philosophiques, et personne ne peut nier la valeur d’un livre comme « La défaite de la pensée ».
Cet homme réagit aux faits d’actualité ; il fait partie de ces intellectuels qui tiennent à dire leur mot face à une situation politique préoccupante. Il est de surcroît professeur à l’Ecole polytechnique. C’est dire qu’il a l’habitude d’avoir un auditoire en face de lui, et que la manipulation du discours ne se limite pas pour lui à l’écrit, mais embrasse la parole aussi. Cet homme a des positions très louables à l’égard du génocide des Rwandais, des Arméniens qu’il compare au passage à la Shoah.
«Tous les massacres sont horribles et quand on commence à les hiérarchiser, à faire des différences, on témoigne d’insensibilité » répond-il à un interviewer qui établissait un parallèle entre l’extermination des Arméniens et celle des Juifs.
Tous. Pas tout à fait, parce que dès qu’il s’agit du conflit palestino-israélien, ce philosophe se rebiffe, s’enferme, se cadenasse dans la logique de l’épouvante. Au nom de la sacro-sainte défense des civils israéliens, il valide, légitime toutes les exactions perpétrées par le gouvernement de Sharon. Il ne le dit pas ouvertement, mais maquille son discours pour enraciner les Israéliens dans le rôle de la victime. Ce philosophe instrumentalise de la sorte un vieux sentiment de culpabilité chez les Occidentaux et le remet à chaque fois sur la sellette, dès que le gouvernement israélien est montré du doigt.
Finkielkraut anticipe même les réactions qui pourraient nuire à ce gouvernement. Ainsi, après les événements du 11 septembre, et de crainte que la politique américaine très favorable à Israël n’entraîne un mea culpa de la part des Occidentaux, il écrit un article, paru dans Le Monde, où il accuse les défenseurs des Palestiniens de « délivrer un brevet de légitime défense au combattant de la guerre sainte qui affirme que « tout juif est une cible et doit être tué »». Par ailleurs, Finkielkraut n’est que le plus médiatisé des intellectuels français d’origine juive qui défendent ouvertement la politique d’Israël. Il en existe d’autres, dont Bernard-Henry Lévy.
Que signifie cette allégeance d’intellectuels français à un pays avec lequel ils entretiennent certes des relations de race et de religion, mais qui n’est pas le leur ? À vrai dire, en prenant parti pour un gouvernement israélien, ennemi de la paix en ce moment, ces intellectuels font beaucoup de torts aux Juifs du monde. Ils apportent aussi de l’eau au moulin des autres ennemis de la paix : ceux qui pensent qu’un Juif, où qu’il soit dans le monde, regarde toujours du côté de Jérusalem.

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