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Grève : Avis de tempête à l’OFPPT

© D.R

Six mille cinq cents grévistes contre un homme. La grève générale nationale, prévue jeudi et vendredi par les salariés de l’OFPPT, a un caractère particulier. Elle réactualise les vieux schémas de conflit entre un patron et ses salariés. Même si l’Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail (OFPPT) est une institution de l’Etat, son directeur général, Larbi Bencheikh, y agit comme si elle était sa chose personnelle. Les cadres, ingénieurs, professeurs et docteurs se plaignent des «humiliations» que leur fait subir le directeur de cet établissement. «Il a établi la loi de la terreur administrative. Il a fait de l’insulte le pain quotidien des salariés. Là où il passe, c’est la terre brûlée. Il a massacré le personnel», explique El Miloudi El Mokhariq, responsable à l’UMT (Union marocaine du travail) qui a lancé l’appel à la grève. Il existe trois motifs de mécontentement du personnel de l’OFPPT.
En tête de liste, figure la gestion des ressources humaines. Au nom de la défense de la dignité, le communiqué de l’UMT indique que «nombreux sont les agents et les cadres qui sont persécutés, relevés de leur fonction pour avoir exprimé un point de vue dans l’intérêt de l’institution ou pour avoir refusé “l’allégeance“ au directeur général qui considère que l’OFPPT est une féodalité personnelle». M. Bencheikh balaie d’un revers de main ces accusations qualifiées de «n’importe quoi !». Ce qui n’empêche pas M. El Mokhariq d’ironiser sur la situation dans laquelle se trouve aujourd’hui l’OFPPT : «Alors que cette institution est appelée à donner l’exemple d’une bonne gestion de ressources humaines, elle dispense un enseignement qu’elle n’applique pas».
Le deuxième motif de doléance du personnel a trait à la défense de l’autorité de la loi. «Le Dahir et les décrets sur les attributions et le rôle des commissions paritaires ont été violés par le directeur général», précise le communiqué de l’UMT. Cette violation concerne les décisions unilatérales que le directeur prend sans en référer à une commission paritaire, comme cela est stipulé par la loi. La troisième demande des grévistes est classique. Elle concerne le droit à une juste rétribution et à l’instauration d’un régime indemnitaire.
A signaler que la grève nationale à l’OFPPT fait suite à deux grèves régionales qui ont immobilisé les établissement de cet office, les 18 et 20 mai, à Mohammedia et Casablanca. Cette opération avait pour but de prévenir le directeur général du sérieux de la démarche des grévistes. Selon un professeur à l’OFPPT, il a refusé de négocier «nous acculant à cette alternative : ou bien la soumission ou bien la rébellion». Dans l’entretien ci-contre, Larbi Bencheikh se défend des accusations des grévistes. A cet égard, il explique qu’ils n’ont pas respecté le statut de l’OFPPT qui stipule de donner un préavis à la direction avant d’appeler à la grève. «Mensonge !», s’indigne le professeur à l’OFPPT.
Quoi qu’il en soit, la grève nationale va jeter le trouble sur la 16ème édition du concours général de la formation professionnelle qui se déroule du 25 au 28 mai à Casablanca. Elle concerne 6.500 salariés, 197 établissements et 90 000 stagiaires qui y suivent une formation. Un mémorandum a été publié à l’occasion de cette grève. Il a pour objet d’attirer l’attention du gouvernement sur les “errements“ de l’OFPPT. Les manquements aux aspects techniques, dénoncés dans ce mémorandum, portent à croire que des professeurs spécialisés dans de nombreuses filières de formation ont participé à sa réalisation.
Ils dénoncent «la compression des programmes de façon improvisée», «la reproduction et la diffusion de programmes anciens et souvent obsolètes» ou bien la «fixation arbitraire des taux de réussite de fin de formation». Certes, l’indignation des grévistes met sur la sellette un seul homme, mais elle pointe aussi du doigt des dysfonctionnements dans un établissement dont il est attendu qu’il soit un modèle pour les autres. L’OFPPT a un rôle vital à jouer en matière de réflexion à des filières pourvoyeuses d’emplois. Si tout s’y passe mal, qu’en est-il des autres établissements de formation ?

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