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Ismaïl Alaoui : «La fermeté s’impose»

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ALM : Tout d’abord, que pensez-vous des derniers évènements survenus à Laâyoune où des citoyens marocains ont manifesté contre l’intégrité territoriale de leur pays ?
Moulay Ismaïl Alaoui : Je pense indéniablement que dans ces manifestations contre notre intégrité territoriale des mains étrangères ont tout orchestré. En clair, je suis quasiment certain que l’Algérie n’est pas étrangère à tout cela. Ceci dit, il est tout à fait vrai que la gestion du dossier relatif à la récupération de nos terres s’est opérée de façon à donner lieu à des frustrations et des mécontentements chez des citoyens concernés. Je pense, notamment, à la prolifération d’une économie de rente dans nos provinces sahariennes. Ce qui a permis l’enrichissement démesuré d’une catégorie de la population des provinces du Sud-Ouest marocain. En revanche, une autre catégorie de cette population a été carrément marginalisée.
Parallèlement à cela, les Marocains et pas seulement les citoyens des provinces du Sud-Ouest, ont commencé à jouir d’un climat de liberté et de respect des droits de l’Homme. Des milieux extérieurs ont su exploiter cette ambiance de liberté pour favoriser la création d’attitudes contradictoires. Ils ont profité de la misère des gens pour les retourner contre l’Etat.

Reprenons vos propos point par point. Que doit faire l’Etat marocain pour en finir, justement, avec cette économie de rente qu’il a lui-même créée ?
Cela peut paraître un peu présomptueux de parler au nom de l’Etat. Mais en tant que citoyens, nous pouvons préconiser la concrétisation de l’Initiative nationale pour le développement humain lancée par SM le Roi Mohammed VI. Un accent particulier doit être mis sur nos provinces du Sud-Ouest, bien sûr, mais tout en tenant compte des autres régions. Le but étant d’avoir un cadre national clair et précis pour agir efficacement contre cette marginalisation dont je vous ai parlé.

Pensez-vous qu’il faut mettre un terme aux privilèges dont jouissent les notables sahraouis?
Il n’est pas question de retirer quoi que ce soit à qui que ce soit. Vous savez, comme dit le proverbe marocain, "créer une habitude, puis l’arrêter, fait de nous des ennemis".. A mon avis, il va falloir travailler de manière intelligente, car le but n’est pas de remettre en cause les richesses des uns, mais plutôt faire en sorte que les autres profitent pleinement des richesses nationales. Sur ce point, nous devons expliquer aux jeunes sahraouis, qui se trouvent sur place ou qui poursuivent leurs études dans l’ensemble des universités marocaines, que le sort économique et social du pays est extrêmement solidaire avec celui des provinces du Sud-Ouest. En d’autres termes, une structure "indépendantiste" n’est strictement pas viable. Les sacrifices consentis au profit des provinces du Sud-Ouest par l’ensemble des régions marocaines sont colossaux.

Revenons à l’exploitation, par l’Algérie et les séparatistes, du climat de liberté qui règne au Maroc. Quelle attitude l’Etat doit-il adopter ?
Effectivement, il y a une exploitation négative de cette liberté. Mais celle-ci n’a jamais été synonyme de laxisme. La fermeté s’impose donc à l’égard de tous ceux qui, sous couvert de liberté et de droits de l’Homme, veulent porter atteinte à la stabilité du pays et à son intégrité territoriale.

Ne pensez-vous pas que l’équilibre entre ces deux notions, liberté et fermeté, est difficile à réaliser ?
Je ne veux pas dire qu’il y a des limites à la liberté. Mais ce qui est sûr c’est que les droits des citoyens ont des limites.
Quand le sort du pays, tout entier, est en jeu, même la loi prévoit des limites et des lignes rouges. Notre Constitution est claire sur ce point. Elle prévoit la possibilité d’instaurer l’Etat d’exception. C’est la raison pour laquelle tous les citoyens doivent faire preuve de responsabilité.

Pensez-vous, en guise de mesure d’accompagnement, que le dossier du Sahara doit être transféré à la Primature, plutôt qu’au ministère de l’Intérieur ?
C’est un faux problème. L’Etat est présent partout, y compris dans les provinces du Sud-Ouest, à travers tous les ministères.
L’Agence de développement du Sud est sous tutelle de la Primature. A mon avis, la société civile et la société politique doivent, elles-aussi, s’impliquer davantage sur le terrain.

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