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Istiqlal-USFP : suicide des baleines

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Il ne fait pas de doute que les élections communales du 12 septembre ont définitivement scellé le divorce entre l’Istiqlal et l’USFP. La course à la présidence a donné le coup de grâce à leurs relations, déjà très tumultueuses. A part quelques rares exceptions, l’USFP et le PI se sont opposés dans toutes les grandes villes. Le premier cas est celui de Rabat. L’Istiqlal a catégoriquement refusé de soutenir le candidat de l’USFP à la présidence, Ahmed Rih. Pourtant, l’USFP avait le plus grand nombre d’élus dans le conseil communal de la capitale. Avec 17 voix, il pouvait aisément remporter la présidence si les 11 élus de l’Istiqlal avaient accepté de voter pour Rih. Ce ne fut pas le cas. Omar Bahraoui du Mouvement Populaire a fini par gagner, au grand dam de l’Usfpéiste Driss Lachgar et le ministre du PPS Nabil Benabdellah. Même chose à Casablanca. La bataille de Ghellab contre Alioua a été la plus acharnée. Chacun tirait la couverture de son côté. Ghellab a pu rallier autour de lui une majorité assez confortable. Après plusieurs jours de lutte, les deux hommes ont fini par se mettre d’accord sur une stratégie d’action le jour même du vote. Ce retournement va coûter cher à Ghellab. Sa majorité le quitte et à sa tête Mohamed Sajid. Ce dernier présente sa candidature et remporte le fauteuil de maire, haut la main. Le pacte Ghellab-Alioua prévoyait la mairie pour le premier et la présidence de la région pour le second. Mais avec Sajid comme maire, tous ces calculs sont maintenant chamboulés. A Safi, le candidat de l’USFP, qui est secrétaire provincial du parti n’a récolté qu’une seule voix, la sienne. Les autres élus socialistes ont voté pour le candidat du MP, qui a d’ailleurs remporté la présidence du conseil communal. Quant aux Istiqlaliens, ils avaient misé sur le candidat du PJD. Le cas d’école, qui devrait être inscrit dans les annales des élections marocaines, s’est déroulé à Mohammédia. En effet, l’USFP a récolté 14 sièges, suivi du PJD (9 sièges), du PI (5 sièges) et du RNI avec seulement 3 voix. C’est en fin de compte un candidat RNI qui a remporté la présidence. Comment a-t-il fait? Il s’est tout simplement appuyé sur le PJD et le Parti de I’Istiqlal. D’ailleurs, un seul Istiqlalien a préféré voter pour le candidat de l’USFP. A Mohammédia donc, comme à Rabat, l’USFP a été lâché par son allié Istiqlalien. Ce divorce a également été perceptible à Témara où le candidat du PJD, Moh Rajdali, a remporté la présidence. Celui-ci a été apparemment soutenu par des élus de l’Istiqlal dans le but de couper la route à l’USFP. A Fès, les élus de l’USFP ont fait front commun avec le PJD et d’autres formations contre le candidat de l’Istiqlal, Hamid Chabat. Lors de l’opération de vote, l’USFP et ses partis alliés se sont carrément retirés de la salle. Tous ces cas prouvent que l’Istiqlal et l’USFP sont et seront toujours des frères ennemis. Leurs intérêts politiques sont souvent opposés. Toutefois, les deux partis ont collaboré, côte à côte, dans quelques villes. C’est le cas à Salé, où les élus de l’USFP ont voté pour le candidat de l’Istiqlal, Mohamed Aouad. Même chose à Marrakech, où le candidat du RNI a été soutenu par les deux partis. Ce fut de même à Meknès car l’Istiqlal et l’USFP ont tenté, en vain, de faire barrage au candidat du PJD. Ceci dit, les deux partis n’ont pas encore enterré la hache de guerre. De nouvelles batailles seront livrées à l’occasion de l’élection de présidents des arrondissements dans les six villes concernées: Casablanca, Rabat, Tanger, Salé, Marrakech et Fès. Les alliances contre nature vont se multiplier. De même que les règlements de compte entre les différentes formations, essentiellement l’Istiqlal et l’USFP. Aujourd’hui, dans les quatorze villes où l’unité de la ville sera appliquée, quatre sont entre les mains du MP (Rabat, Salé, Safi et Oujda), deux pour le PJD (Meknès et Témara-Skhirat), deux pour l’UC (Marrakech et Casablanca) et une seule mairie pour le MNP (Tanger), le RNI (Tétouan), l’Istiqlal (Fès), le FFD (Taza) et l’USFP (Agadir). A noter que le sort de Kénitra sera connu vendredi prochain.Si les deux principaux partis du Maroc n’ont pas réussi à raccorder leurs violons à l’occasion des communales, il devient légitime de s’interroger au sujet de la coopération gouvernementale. L’efficacité de l’action de l’exécutif est étroitement liée à l’harmonie qui règne entre ses différents membres. Or, deux ministres se disputaient le même fauteuil. Le Premier ministre est intervenu lui-même pour les « réconcilier ». Tout ce méli-mélo est devenu incompréhensible pour les électeurs. En outre, l’opposition mérite la présence, en son sein, d’un poids lourd de la trempe de l’USFP ou de l’Istiqlal, bien enraciné et capable de mobiliser les troupes. Aujourd’hui, les électeurs n’ont pas un énorme choix. Pratiquement, tous les grands partis font partie de la majorité gouvernementale. Or, le processus électoral est un moyen de sanctionner l’action gouvernementale. Si toutes les formations importantes du pays forment le gouvernement, l’électeur n’a pratiquement plus le choix.

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