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La société civile n’est pas bien soutenue

© D.R

ALM : La Commission des droits de l’Homme, réunie actuellement à Genève, n’a pas voté de résolution concernant l’affaire du Sahara marocain. A quoi est dû cet exploit de la diplomatie marocaine à votre avis ?
Ahmed Kher : Tout d’abord, il faut souligner l’importance de la décision de cette Commission de ne pas adopter de résolutions au sujet du Sahara marocain. Des résolutions qui étaient négatives à l’égard de notre pays, dans la mesure où elles étaient toujours influencées par le poids de la propagande polisarienne. Cette abstention est une première dans les annales de ladite Commission. Elle est le fruit du travail accumulé ces dernières années par la société civile sahraouie qui n’a pas cessé de se mobiliser pour contrer les thèses des séparatistes, à l’intérieur comme à l’extérieur du Maroc. Des initiatives louables et qui ont entraîné toute cette vague de désolidarisation dont le polisario fait l’objet en ce moment.

Qu’en est-il du travail de la diplomatie marocaine ?
Le travail fait dans l’ombre par la société civile ne trouve toujours pas l’écho favorable qu’il mérite de la part des autorités. Les associations  sahraouies sont toujours forcées de travailler avec les moyens du bord, qui sont forcément limités. Il n’y a pas de répondant de la part de la diplomatie officielle marocaine.
Ceci, même si nous avons remarqué que cette dernière, sous l’impulsion de S.M le Roi Mohammed VI, notamment ses périples en Afrique subsaharienne et en Amérique Latine, commence à récolter les fruits de son éveil ces dernières années. Mais beaucoup de travail reste à faire. A commencer par la nécessité pour l’Etat de prendre en considération le rôle que joue la société civile sahraouie et de soutenir cette dernière par tous les moyens possibles.

Pourquoi la société civile n’était-elle pas intervenue plutôt ?
L’éveil de la société civile s’explique par deux donnes essentielles. La première n’est autre que l’émergence d’une véritable démocratie au Maroc. Avec elle, l’espace de liberté d’expression a été élargi.
Cet éveil s’explique également par la prise de conscience de la société civile sahraouie. Celle-ci est désormais convaincue que la défense de la marocanité du Sahara, le militantisme pour la libération des marocains, militaires comme civils, qui périssent dans les geôles du polisario et la dénonciation des différentes formes d’atteintes aux droits de l’Homme dans les camps ne peuvent pas se faire sans la participation des premiers concernés, les Sahraouis eux-mêmes. Surtout quand une minorité, que ce soit celle agissant dans les camps ou au Maroc, dit être le représentant unique de la cause sahraouie. Que fait-on alors de cette grande majorité, fière de sa marocanité ? Nous n’avons pas de secret en matière d’atteinte aux droits de l’Homme dans les camps de Tindouf. Aux thèses voulant minimiser la gravité de la situation des droits de l’Homme dans le sud-est algérien, nous répondons que nous avons été emprisonnés là-bas et avons par la même assisté à des scènes indicibles de tortures. Nous avons vu des membres de nos propres familles se faire tuer. Des amis à nous sont portés disparus. Et nous avons des dossiers, avec des cas précis, sur toutes les formes de violation des droits de l’Homme dans les camps.

Lors des travaux de la Commission des droits de l’Homme, des membres du polisario ont distribué des articles du journaliste Ali Lmrabet. Quel en a été l’objectif à votre avis ?
En agissant ainsi, le polisario voulait « dénoncer » le Maroc, en citant un Marocain. Une façon de faire témoigner quelqu’un qui est en principe de l’autre côté. Ce genre de manœuvres ne change en rien ni la vérité sur les camps de Tindouf, ni la détermination de la population sahraouie à mener le combat jusqu’au bout pour que cette vérité éclate au grand jour. Et si Ali Lmrabet a servi la soupe au polisario à cause de ses écrits, ce qui a été encore plus remarquable, c’est que des membres même du polisario ont profité de la tenue des  travaux de la commission pour dénoncer les scandales quotidiens qui ont eu lieu dans les camps.

Parallèlement aux acquis réalisés par le Maroc, le Parlement européen vient de voter une résolution stipulant l’octroi de plus d’aides humanitaires aux camps de Tindouf. Qu’est-ce qui explique une telle «victoire» de la diplomatie polisarienne ?
C’est justement le manque d’initiative de la part des autorités qui créent ce genre de situations, aussi nuisible à la cause marocaine qu’évitable. La politique de la chaise vide adoptée par le Maroc dans le passé n’a pas été sans engendrer des positions qui ne sont pas en notre faveur. Et si la société civile brille actuellement par sa mobilisation et ses actions, les autorités, elles, doivent fournir davantage d’efforts. 

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