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L’affaire de proxénétisme de Rabat fait tomber de hauts cadres de la DGSN

© D.R

L’affaire rappelle curieusement l’histoire de "Madame Claude", célèbre maquerelle qui fournissait de très jolies filles aux personnalités du monde politique et des affaires pour satisfaire leurs fantasmes sexuels dans la plus grande discrétion. Le nom de "Madame Claude", qui a fait l’objet de films et de romans infinis, est resté lié à l’univers glauque du proxénétisme, du trafic de drogue, des passe-droits et des liaisons douteuses avec de hauts responsables.
On se retrouve avec le même schéma ou presque dans l’affaire qui secoue Rabat depuis quelques jours. Au centre de cette affaire, une dame qui n’est autre que la fille d’un ancien ministre. Elle est accusée d’être à la tête du réseau démantelé. Maria de son nom, s’est déjà illustrée en 2003 par un forfait qui a failli coûter la vie à un agent de la circulation. En effet, cet agent, une femme policier, voulait l’arrêter pour avoir commis une contravention mais a failli passer sous la roue de la "dame de fer" qui, comme si cela n’avait pas suffi, était descendue de sa voiture pour infliger à l’agent une véritable "correction" (une gifle !). Quatre ans plus tard, le nom de cette même dame est cité dans une affaire qui commence à faire tomber de hauts responsables de la police à Rabat.
Soupçonnée de diriger un réseau de "prostitution qualifiée" dans la capitale, d’écouler de la cocaïne au profit de ses "clients", marocains et non marocains, dont de grandes personnalités de la politique et du milieu des affaires, Maria Benjelloun aurait bénéficié de la "protection" de hauts gradés des services de la sécurité, dont notamment le préfet de police de Rabat, Mustapha Moufid, et du directeur des ressources humaines Abdelaziz Samel. Des accusations qui font l’objet d’une enquête judiciaire. Une enquête qui a pour but de déterminer la nature des relations que des cadres de la police entretenaient avec la principale accusée. C’est ce qui a poussé la DGSN à prendre la décision de suspendre le préfet de la capitale de ses fonctions jusqu’à la fin de l’enquête judiciaire. Une mesure normale dans ce genre d’affaires.
Des instructions ont été données par le directeur général de la Sûreté nationale de la DGSN, Charki Draïss, pour procéder à une enquête administrative interne afin de recenser tous les cas des éléments de la police nationale que la "dame de fer" aurait fait transférer pour pouvoir se livrer à ses présumées activités délictuelles en toute liberté et impunité. Une bonne quantité de  de cocaïne aurait d’ailleurs été saisie au domicile de celle qui a été à l’origine de l’éclatement du scandale, une ceratine Loubna « Chinouiya ».
Maria Benjelloun, qui se trouve actuellement à la prison civile de Salé, a été arrêtée au lendemain de "révélations" faites aux services de sécurité par « Chinouiya » qui est accusée d’être la gérante de tout le circuit de proxénétisme à Rabat.
Elle aurait eu la charge d’amener les "clients" étrangers dans une villa située dans le quartier "Ryad" à Rabat, dont de grandes personnalités des affaires en provenance des pays du Golfe. Elle aurait également été derrière un réseau de prostitution qui opérait aux Emirats arabes unis. À ce propos, une enquête serait en cours pour faire la lumière sur la dimension internationale du réseau démanyelé.
Mardi dernier, les services de sécurité ont procédé à l’arrestation d’un deuxième complice de la dame en question, tandis qu’une confrontation entre l’accusée principale et deux autres filles arrêtées dans la villa de Hay Ryad, en possession de photographies de personnalités prises dans des positions jugées compromettantes. En ce qui concerne le préfet de police, il aurait jusqu’ici été entendu à quatre reprises au sujet des "mutations forcées" infligées à des policiers dont le "délit" aurait été de vouloir simplement accomplir leur devoir professionnel.
Dans ce sens, des sources policières relèvent que le mouvement des "mutations disciplinaires" avait augmenté de manière notoire durant les derniers mois de mars à juillet. L’enquête en cours risque de faire tomber d’autres "têtes" qui auraient trempé dans l’affaire dite de "la dame de fer", à qui certains milieux voudraient prêter des "problèmes psychiques" pour la tirer d’affaires, évoquant, à l’appui de cette thèse, ses voyages répétitifs aux Etats-Unis pour "se faire soigner".

La saga de Madame Claude
Dans les annales des femmes « puissances » qui ont fait tomber des têtes, celle de Mme Claude fait partie des histoires qui ont défrayé la chronique mondiale.  L’histoire vraie de Madame Claude et de son réseau de jeunes filles a inspiré auteurs et des cinéastes. De son vrai nom Fernande Grudet, cette Française était, dans les années 1960-1970, patronne d’un réseau de call-girls qui dévoilent leurs talents pour de hauts dignitaires et fonctionnaires du gouvernement.
Élevée chez les sœurs d’Angers dans le Maine-et-Loire, Mme Claude a mené une vie où la chasteté est un mot qui n’existe pas. C’est à Paris qu’elle a créé le premier noyau de son réseau de prostitution de luxe. De grosses pointures, du monde politique et des affaires, ont sollicité ses services taillés sur mesure. La liste de clientèle comprendrait le président américain John F. Kennedy, le neveu du roi Farouk, des célébrités du grand banditisme et même des membres de l’administration policière assurant sa propre protection.
En 1976, Mme Claude quitte la capitale française pour s’établir aux Etats-Unis, fuyant ainsi des accusations judiciaires sur son réseau. Dans les années 1980, elle revient pour en créer un autre, encore plus développé, avant de finir dans les geôles de Fleury-Mérogis, en 1992, pour proxénétisme.  La chute de l’empire de Madame Claude a entraîné avec elle des personnalités dans divers domaines.  En tombant, la proxénète avait ouvert la boîte de Pandore.

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