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Les islamistes en rangs serrés

Il n’y a pas de secret. La montée des intégristes en tant qu’organisations bien implantées est le fruit d’un travail en profondeur qui dure depuis au moins deux décennies. Il n’y a pas de secret non plus que les islamistes de tout bords trouvent un terrain fertile à leur propagande, sachant que personne ou presque ne les contrecarre. Le champ politique est vacant, et la nature ayant horreur du vide, les islamistes trouvent aisément leur compte.
En fait, quelle est la différence entre Attkfir Wal Hijra, Assirat Al Moustakim, Al Adl Wal Ihssane et le Parti de la justice et du développement ? On peut répertorier toutes les tendances de la mouvance islamique sans que l’on trouve vraiment des différences. Chose qui n’étonne guère vu que le discours islamiste se base sur des préceptes qu’il ne faut jamais transgresser. Et sur des modes de soumission qui ne font jamais l’objet de discussions.
Mais il est un fait que l’on ne peut que relever. Pendant des années, les organisations d’extrême gauche cultivaient le sens de la clandestinité pour renforcer leurs rangs. Aujourd’hui, ce sont les organisations islamistes qui ont profité de cette méthode. Elles ont longtemps travaillé en douce pour émerger en force. Cheikh abdallâh Yassine, chef spirituel d’Al Adl Wal Ihssane, n’était ni subversif, ni un homme à craindre. Inspecteur de l’enseignement, il distillait ses idées à doses homéopathiques. Jusqu’au jour où il a senti la force de passer à l’acte au grand jour. Depuis les années soixante-dix, il dérange beaucoup, il écrit et distribue ses prêches et ses fetwa sans que l’on puisse savoir jusqu’où ira la tolérance à son égard.
La tournée effectuée il y a deux ans par Cheikh Yassine dans plusieurs régions du pays restera légendaire. A Tétouan, par exemple, c’était la tournée des grands maîtres que M. Yassine a effectuée. Il y avait des centaines de personnes vraisemblablement venues accueillir le cheikh. Ce dernier, bien escorté par deux hommes robustes, apparemment ses garde-corps, descend de la voiture pour saluer ses sympathisants venus nombreux.
Tous voulaient approcher leur idole. Tous scandaient son nom et celui d’Allah. Le vieil homme ne semblait pas du tout impressionné par le culte que lui ont témoigné des hommes et des femmes et même des garçons qui n’ont jamais pu l’approcher par le passé. Plus qu’un attachement, on a constaté une sorte de connivence qui lie ce « zaim » à ses adeptes. Sa capacité de mobiliser des gens qui le considèrent comme un guide spirituel. Qui croient fermement en lui. Qui le vénèrent !
Le mouvement a tissé graduellement sa toile d’araignée, travaillant au corps les couches sociales restées en marge du développement. Et nous sommes arrivés au stade des confrontations sur les plages, à la détention d’armes à feu ou encore aux fetwa de lapidation. Ce qui est intéressant dans le développement de ces organismes, c’est que l’on s’est rendu compte, par la suite, que la nébuleuse islamiste se renforce et le PJD est la face visible de l’iceberg.
Son programme pour les prochaines élections sera axé sur les mêmes grandes lignes des législatives dont le thème était « pour un Maroc meilleur », et reposait sur cinq axes: authenticité, souveraineté, démocratie, équité et développement.
Le PJD signifie par authenticité qu’il est nécessaire que l’ensemble des programmes et politiques de développement soient basés sur notre référentiel islamique, en accordant un intérêt à la pratique religieuse au sein de la société et en demeurant attaché à « notre identité et à notre authenticité », Le programme du parti repose également sur «la préservation de la souveraineté du pays, de son intégrité territoriale et de son unité aux plans territorial, humain et culturel», a-t-il dit, soulignant la nécessité de préserver les institutions constitutionnelles.
Par équité, le PJD entend lutter contre «toutes les formes de disparités régionales et sociales pour mobiliser toutes les potentialités et les énergies du pays pour le développement qui consiste en une gestion rationnelle et une exploitation saine de nos ressources naturelles», a-t-il dit, soulignant que l’élément humain reste à la base de tout développement et que « la philosophie de son parti, en matière de développement, est fondée sur le développement de l’Homme et de son environnement ». Mais là où les choses deviennent plus sérieuses, c’est lorsqu’on découvre que des militants d’Al Adl Wal Ihssane seraient des élus PJD aux législatives. Ce qui veut dire que tout est coordonné pour un autre ras de marrée.

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