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Madrid durcit le ton

C’est en 1995 que commence l’histoire du processus de Barcelone. La capitale de la Catalogne avait réuni décideurs politiques et économiques du bloc européen et des autres pays du pourtour méditerranéen. Il s’agissait de mettre en place des associations entre pays européens nantis et pays du sud riverains de la méditerranée moins développés économiquement. Tout le monde y trouvait son compte. Les pays du sud de la Méditerranée se voyaient proposer un soutien au développement et à la transition économique. Les pays de l’UE, maquillés pour la circonstance en généreux donateurs, estimaient la facture relativement acceptable si le processus arrivait à sédentariser des populations migrantes vers le Nord. C’est dans ce cadre que le Maroc a signé son accord d’association avec l’UE. Seulement, ce transfert d’aides non remboursables, de prêts spéciaux de la Banque européenne d’investissement, de facilité d’ajustement structurel et autres «largesses» de l’Europe, est assorti d’une échéance de taille. Le fameux cap 2010 qui verra, au terme d’un processus de libéralisation progressive des échanges Maroc-UE, la création d’une zone de libre-échange avec démantèlement de toutes les barrières douanières. Une chose est sûre, cette perspective serait l’équivalent d’une mort annoncée pour une grande partie des entreprises marocaines, en l’absence de mesures d’accompagnement de l’Europe pour la mise à niveau. L’Espagne, voisin européen du Maroc, aurait pu jouer à ce niveau un rôle de premier plan. Il n’en fut hélas rien. Des considérations bilatérales ont pesé sur l’action que l’Espagne aurait pu jouer en faveur d’une nouvelle approche du partenariat avec le Maroc au sein de l’Europe. Une approche clairement définie par S.M. le Roi Mohammed VI quand il avait reçu José Maria Aznar en Mai 2000 et que le Souverain avait exprimée par «Plus qu’une association, moins qu’une adhésion». Cette position du Maroc avait trouvé le meilleur écho en Europe, mais si peu d’engagement auprès des voisins espagnols. Il faut dire que dans le sac de l’ensemble de la coopération du Maroc avec l’Europe, Madrid n’hésite pas à mettre sa frilosité maladive à l’égard du simple examen de la question des présides occupés de Sebta et Melillia. Sa perception égocentrique du non-renouvellement par le Maroc de l’accord de pêche avec l’UE. La haine de ses agriculteurs envers les produits marocains en transit vers l’Europe du Nord. Le marchandage des possibilités de travail de la main-d’oeuvre marocaine en péninsule ibérique. Et, une position souvent inamicale à l’égard de la question de l’intégrité territoriale du Maroc. Ce faisant, le gouvernement de José Maria Aznar passe -et fait passer l’Europe- à côté d’une opportunité de taille. Celle d’oeuvrer, de par la position géographique de l’Espagne mais aussi de ses liens historiques avec le Maroc, à faire du partenariat Maroc-UE le véritable moteur du partenariat euro-méditerranéen.

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