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Mohamed Benhamou : «Le Maroc a engagé des réformes depuis plus de quinze ans»

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ALM : Où doit-on situer le Maroc par rapport à la vague de contestations qui secoue le monde arabe ?
Mohamed Benhamou : Le Maroc est le pays arabe qui a engagé des réformes politiques, économiques et sociales depuis plus de 15 ans. Après la chute du mur de Berlin en 1989 et le vent de démocratie et de liberté qui a soufflé sur l’ex-bloc de l’Est, le Maroc avait initié des réformes au début des années 1990. Avec l’intronisation de SM le Roi Mohammed VI, le processus de démocratisation et de réformes a pris une allure et une profondeur importante. Le choix de la démocratie et de l’Etat de droit a été depuis cette date un choix irréversible. Plusieurs réformes importantes dans plusieurs secteurs ont fait du Maroc un modèle d’ouverture, de réformes et de démocratie dans l’ensemble de la région. Il ne faut pas avoir la mémoire courte. L’ensemble des pays occidentaux ne cessent de saluer l’exemple marocain et le proposent comme un modèle à suivre pour les autres pays.

Les révolutions tunisienne et égyptienne ont créé une onde de choc dans plusieurs pays arabes. Qu’en pensez-vous ?
Je pense qu’on n’est pas face à des situations identiques. Il y a certes des similitudes que partagent ces pays entre eux, mais il y a aussi certaines particularités pour chaque cas. Effectivement, beaucoup de pays arabes ont accusé un déficit énorme durant toutes ces dernières décennies. Je parle du déficit démocratique qui s’est traduit par l’absence de systèmes politiques qui devaient faire valoir les valeurs de la démocratie, par l’absence d’Etat de droit et le non-respect des libertés individuelles et collectives. D’un autre côté, il y a aussi la mauvaise gouvernance, la corruption, la non-redistribution des richesses et l’absence d’une justice sociale. On peut dire que ce sont ces éléments largement partagés par certains pays de la région qui ont favorisé ce phénomène de «contagion».

Quels sont les pays arabes les plus menacés par la reproduction du scénario de l’Egypte et de la Tunisie?
Il est difficile d’établir un pronostic de l’ordre des pays de la région qui pourraient avoir le même sort. Certes, il y a des pays qui sont aujourd’hui beaucoup plus touchés par une agitation interne et une dynamique qui étaient déjà en place, tels le Yémen, l’Algérie et d’autres pays. Mais nous sommes face à des phénomènes sociaux qui, même lorsqu’ils se transforment en phénomènes politiques, ils gardent leur nature de base et chaque phénomène social développe sa propre dynamique, sa propre logique et son propre rythme. Maintenant, il y a certainement un vent qui souffle très fort, celui des réformes et je pense que les systèmes politiques de la région sont rattrapés par la nécessité d’évolution, de transformation et de changement car ils n’ont pas pris le train des réformes au moment opportun.

Comment voyez-vous l’avenir de la région arabe ?
C’est une phase de l’histoire de la région qui est assez difficile. Il est certain que le monde arabe a besoin de démocratie, d’Etats de droit et d’égalité sociale comme il a besoin de développement économique et humain. Mais il faut être vigilant et responsable dans la gestion de ces attentes, de ces aspirations et de ces frustrations car l’objectif est d’aller vers le mieux et non de plonger dans le chaos.

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