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Pêche : Petit accord grands enjeux

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Après les différentes visites et rencontres, de part et d’autre, la date du 25 juillet a été fixée pour le début des négociations entre le Maroc et l’Union européenne pour une éventuelle reconduction de l’accord de pêche. Le document, dans le cas où Marocains et Européens arriveraient à se mettre d’accord, serait finalisé avant la fin de l’année 2005 pour être appliqué vers le printemps de l’année 2006. La date du 25 juillet signifie donc le début d’un marathon de pourparlers entre deux parties intransigeantes sur leurs positions. La partie marocaine d’abord qui rejette tout accord avec l’Union européenne ne prenant pas en ligne de compte ses intérêts qui passent essentiellement par la préservation des ressources halieutiques nationales qui sont surexploitées. C’est en tout cas la position du ministère de l’Agriculture, du Développement rural et des Pêches maritimes, exprimée par le secrétaire d’Etat au Développement rural Mohamed Mohattane mardi dernier devant la Chambre des conseillers. Une position qui présage de passionnants rounds de négociation. C’est que l’accord qui devrait se négocier n’aura pas la même envergure que le précédent accord qui est arrivé à expiration en 1999, tant au niveau du nombre des bateaux qui seront autorisés à pêcher dans les eaux marocaines que la nature des captures. Ce qui est certain, c’est que pas plus d’une centaine de bateaux européens seront autorisés à lancer leurs filets dans les eaux marocaines. Autre restriction, les dispositions du nouvel accord ne concernent pas de nombreuses espèces tels les céphalopodes (poulpes, calamars) et les crustacés (crevettes, langoustes). Des espèces qui représentaient près des deux tiers des prises des bateaux européens se trouvant au large du Maroc dans le cadre de l’ancien accord de pêche signé entre ce dernier et l’Union européenne en 1996. Les Européens se rabattront donc sur les espèces dites de fond (c’est le cas de la morue ou le bar) et les petits pélagiques (sardines, anchois, maquereaux, chinchards). En outre, ce sont les pêches artisanale et côtière qui pourraient être les plus grandes bénéficiaires en cas de conclusion d’un accord entre Marocains et Européens. «Le Maroc pose comme condition que l’accord concerne les pêcheries les moins exploitées par la flotte marocaine et des zones spécifiques», a ainsi expliqué le secrétaire d’Etat au Parlement. Il s’agit notamment des provinces du sud que les Européens n’incluaient pas dans les précédents accords prétextant un éventuel blocage au Parlement européen lors du processus de ratification.
Quant à la partie européenne qui n’a cessé de demander le renouvellement de cet accord de pêche, elle prônerait d’avantage une politique de coopération poussée avec les professionnels marocains du secteur de la pêche. Une nouvelle politique qui négligerait l’argent directement payé à la partie marocaine au profit d’action visant la promotion de la création d’entreprises communes, le transfert du savoir-faire, des technologies, l’aide à la formation et à la recherche, la promotion des infrastructures ainsi que l’assistance à la gestion des capacités. Les experts européens qui ont visité le Maroc en juin dernier, ont beaucoup insisté sur le fait que tout accord doit se faire dans le cadre de projets intégrés alliant pêche rationnelle, valorisation du produit et création d’opportunités d’emploi.
La reprise des négociations n’est pas vue d’un bon œil de la part des professionnels marocains. «Au lieu de se diriger vers les bateaux européens et leur permettre de pêcher le poisson marocain, le ministère aurait mieux fait de se pencher d’avantage sur la situation catastrophique que connaît le secteur actuellement», estime un armateur qui se pose des questions quant à l’opportunité d’un tel accord alors que la ressource halieutique nationale se trouve au plus bas. Le même son de cloche est à entendre du côté des marins qui ne sont pas du tout convaincus des profits à tirer d’un nouvel accord avec les Européens.

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