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Quelle mouche a piqué Ramid ?

© D.R

Au fur et à mesure que le cinquième congrès du PJD approche, les choses bougent à un rythme de plus en plus effréné au sein de ce parti. Il y a eu d’abord le retrait définitif du docteur Abdelkrim El Khatib qui a ouvert la porte à de nombreuses spéculations sur l’identité de son éventuel successeur.
Quelques jours après, c’est la sortie médiatique tonitruante de Mustapha Ramid à travers son document publié la semaine dernière dans la presse. Ce que les partis dits démocratiques chuchotaient à peine, M.Ramid l’a crié haut et fort. Courage politique, manoeuvre politicienne ou geste désespéré ? Un document où l’ex-chef du groupe parlementaire du PJD prône une démocratie « islamique » en passant par l’évocation de la réforme constitutionnelle qui devrait s’effectuer suite à la religion de la nation qu’est l’Islam. Après avoir rappelé que la monarchie est un système politique marocain ancré depuis des siècles, il passe aux prérogatives relatives à Amir Al Mouminine. Pour M.Ramid, « le statut de Commandeur des croyants ne confère pas à son détenteur des pouvoirs absolus et ne le met pas à l’abri du questionnement, selon la vision de l’Islam ». Et d’ajouter que « le statut de Commandeur des Croyants et la beïa (allégeance) ne doivent pas être traduits comme permettant des pouvoirs au-delà de la Constitution et de la loi. » Le document va même plus loin en expliquant que « l’Islam détermine le pouvoir dont dispose la nation, quant à la désignation de qui la gouverne et son droit de le contrôler, de s’opposer à lui et, si c’est nécessaire, le destituer ».
A première vue, il s’agit d’un discours beaucoup plus politique qu’islamiste. Il n’en est pas moins subtil et assez radical dans certaines de ses approches. Les grandes lignes du document sont axées sur les prérogatives du Roi jusqu’à la comparaison entre Al Khilafa en Islam et la démocratie moderne. Selon l’auteur, il s’agit des mêmes principes sauf qu’il faudrait que les pouvoirs soient délégués. En tout cas, c’est le vrai Ramid qui parle. Il traîne ce discours depuis 1996 et même bien avant qu’il n’intègre le PJD, si l’on se réfère aux dires d’Abdelilah Benkirane. Ce dernier à l’image de plusieurs autres membres du secrétariat général du PJD ne semblent pas partager les mêmes visions que le député de derb Soltane et le catalyseur de la fameuse marche de Casablanca contre le plan d’intégration de la femme.
Selon les péjidistes opposés au document, il n’est pas question que le prochain congrès abrite une quelconque discussion sur la réforme constitutionnelle. Et comme l’a affirmé A.Benkirane à l’hebdomadaire arabophone «Al Ayyam», ce sujet ne figure pas dans le générique du parti, rappelant le coup dur encaissé par le PJD suite aux attentats du 16 mai 2003. La plupart des membres du secrétariat général du parti du docteur El Khatib ne sont pas chauds pour que la problématique de la réforme de la constitution fasse partie des priorités du PJD. Et qui dit réforme dit une propre vision péjidiste de la monarchie. Les craintes des foudres que peut attirer une telle perspective sur le parti islamiste fait que ce genre de discussion soit toujours reporté à une date ultérieure. Même après la publication des idées et visions de Ramid, le prochain congrès n’en sera certainement pas affecté. A moins d’en faire une base pour mettre sur pied une nouvelle vision qui recevra l’approbation des congressistes et marquera la rupture définitive avec le contenu du document de Ramid. Ne serait-ce que pour montrer, et c’est le souhait des «colombes» du PJD, que les idées exprimées par l’ex-chef de leur groupe parlementaire ne concernent que son auguste personne.
Etant donné, selon les membres du secrétariat général, que ni le ministère de l’Intérieur ni aucune autre partie ne sont intervenus de façon directe dans les travaux de la commission préparatoire du congrès, ce serait l’occasion de sceller, une bonne fois pour toutes, le sort des pseudo-radicaux dont les comportements un peu excessifs risquent de faire voler le parti en éclats. Et si, comme tous les partis marocains, le PJD s’avérait seulement souffrant de la maladie du pouvoir, des successions, des scissions et de la course aux portefeuilles ??

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