Siégeant en session plénière dans la nuit de mercredi au jeudi, le Parlement s’est prononcé à la majorité – 116 voix pour, 49 contre et 15 abstentions- en faveur du projet de loi de Finances pour 2012. Ce vote qu’avait laissé augurer l’adoption en début de semaine de la 1ère partie du budget de l’Etat et qui a donné lieu à d’âpres échanges entre la majorité et l’opposition, permet au gouvernement de conduire «une politique de relance de l’économie liée au renforcement de la solidarité sociale». Il indique également que le cabinet d’Abdelilah Benkirane est à l’écoute des institutions financières et économiques nationales spécialisées dans l’analyse de la conjoncture et la conception de la prospective économique.
Contrairement au projet élaboré par le précédent gouvernement, dont l’actuelle loi de Finances s’inspire au point d’être qualifiée de copie conforme par l’opposition, les prévisions de l’Etat tablent sur un prix du baril à 100 dollars au lieu des 95 retenus dans l’ancienne esquisse.
D’une importance réelle eu égard au poids de la facture énergétique dans les dépenses publiques, cet ajustement dit l’importance en laquelle l’Exécutif tient les travaux d’organismes tels que Bank Al-Maghrib, le Haut commissariat au Plan (HCP) ou le Centre marocain de conjoncture (CMC) qui avaient attiré l’attention sur la volatilité des prix des hydrocarbures et, en conséquence, de l’inadéquation d’une base des prix inférieure à 100 dollars. Autre indication de réalisme: la loi de Finances est basée sur un déficit budgétaire de 5% au lieu des 6% avancés par les prévisionnistes. Lors d’une de ses récentes interventions publiques, le gouverneur de Bank Al-Maghrib a en effet laissé entendre qu’au final ce qui importe pour les agences de notation, et donc pour les marchés financiers, c’est moins le taux de déficit –pour peu qu’il reste «raisonnable» – que les efforts déclarés pour le combler.
En le situant à un point au-dessous des prévisions, le gouvernement ne semble donc pas exclure l’éventualité d’un recours à l’emprunt extérieur.
Cette perspective est confortée par l’importance accordée au social dans le budget tandis que les prévisions de ressources sont liées à la mise en place de dispositifs à moyen terme. La loi de Finances prévoit en effet 2,5 milliards pour le Fonds de solidarité sociale alors même que les entreprises, sollicitées pour y contribuer, en récusent les nouvelles modalités. Elle prévoit également 3,2 milliards pour le financement de la 2ème partie de l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH), 160 millions pour le Fonds de solidarité familiale… Cependant, ces dépenses et d’autres d’égale importance sont censées être pourvues par un réaménagement du dispositif fiscal en direction de l’élargissement de l’assiette et de l’équité ; ce dont la mise en place exige plus de temps que les 8 mois qui nous séparent de 2013.
Quelque peu audacieux sur le chapitre des dépenses sociales, le Budget est néanmoins réaliste en ce qui concerne la croissance prévue à 4,2% comme le veut l’orthodoxie des instituts de prospective et va même au-delà de leurs projections s’agissant de l’inflation qu’il situe à 2,5%, au lieu de 2%.