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RAM : La fin du bras de fer

Les pilotes ont repris le chemin du ciel. Ils ont décidé de mettre un terme à leur grève engagée depuis le 26 mai. La «reprise immédiate» des vols a été décidée lors d’une assemblée générale des membres de l’AMPL (Association marocaine des pilotes de lignes). Laquelle a commencé samedi à 22 h et s’est terminée vers 1h du matin. Les pilotes y ont procédé à un vote.
Sur 270 votants, 223 ont décidé de reprendre incessamment les commandes des avions. Ils estiment que leur principale revendication, à savoir la réintégration des six pilotes licenciés, a été entendue par la direction de la RAM. La décision des pilotes de ligne est intervenue quelques heures après une réunion entre des représentants de l’AMPL et le président-directeur général de la RAM, Mohamed Berrada. Le communiqué de la RAM indique que les deux parties sont parvenues à «un accord équilibré mettant fin au conflit». La direction se félicite de cette réunion qui s’est déroulée «dans un climat empreint de sérénité, de responsabilité et de respect mutuel», mais n’évoque pas les six pilotes licenciés.
Selon une source bien informée, les pilotes n’ont pas pu arracher à la direction un engagement par écrit. Interrogé par ALM à ce sujet, Jalal Yacoubi, porte-parole de l’AMPL, confirme la fin de la grève. Il explique que «l’accord préserve l’intérêt des deux parties, surtout ceux de la compagnie», avant d’ajouter : «Nous avons concédé des choses». Lesquelles ? M. Yacoubi ne souhaite pas le dire, se réfugiant derrière des détails techniques. Mokhtar Sami, secrétaire général de l’AMPL, en appelle de son côté au sens de la responsabilité qui a présidé à la décision de mettre fin à la grève. «Avec la réintégration des pilotes licenciés, notre principal objectif a été atteint».
Il faut reconnaître qu’au fil des jours de cette grève, la plus longue de l’histoire de la RAM, de nombreuses voix se sont élevées contre les grévistes. Le trafic international, très perturbé, a porté préjudice à de nombreux secteurs. La Fédération du tourisme a intitulé un communiqué: «Les pilotes de la RAM prennent en otage le tourisme marocain». Le Conseil régional du tourisme de Marrakech a marqué sa «profonde inquiétude quant à la chute du tourisme enregistrée dans la ville à la suite de la grève brutale et sauvage déclenchée par les pilotes». Sans parler du très important 35ème Congrès de la Chambre internationale de commerce, ouvert dimanche à Marrakech en présence de quelque 200 dirigeants d’entreprise et personnalités politiques venant de 70 pays. Ce congrès, présidé par le Français Jean-René Fourtou, PDG de Vivendi, est un lobby des grands de ce monde. Sa mission consiste notamment à influencer les chefs d’Etat du G8, qui vont se réunir du 8 au 9 juin à Sea Island aux Etats-Unis. Il aurait été dommage que ce rendez-vous soit manqué par l’absence de commandants de bord. Le préjudice est également d’ordre financier. Selon la direction de la RAM, les pertes sèches de la compagnie s’élèvent à 1, 5 million de dirhams par jour.
Fin donc du bras de fer entre les grévistes et la direction de la RAM. Mais de nombreuses zones d’ombre pèsent toutefois sur la fin de cette grève. Selon un pilote qui a requis l’anonymat, la RAM a fait une seule concession : rappeler les pilotes licenciés. «Mais rien sur les autres revendications». Rappelons que les pilotes justifiaient aussi leur grève par des «raisons de sécurité». Ils se plaignaient d’être en sous-effectif, de ne pas disposer d’assez d’heures de repos entre les vols et de manquer d’un statut qui déterminerait les responsabilités du personnel navigant en cas de manquement à un devoir. Ces revendications n’ont donc pas été entendues.
Quant à la création d’une filiale charter de la RAM, baptisée déjà «Atlas Blue» et censée bouleverser le mode de fonctionnement de la compagnie marocaine, M. Sami répond : «Nous sommes prêts à accompagner tout projet dans le sens de la vision 2010. Nous regrettons seulement de n’être informés d’un tel projet que par les médias». Apparemment, beaucoup reste encore à faire pour que le dialogue entre la direction et les pilotes évolue avec la certitude de ne pas rencontrer des zones de turbulence.

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