C’est officiel, le chef des séparatistes du Polisario récuse l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara, Peter van Walsum. Dans une lettre adressée à Ban Ki-moon, le 15 août, Mohamed Abdelaziz demande la destitution de M. Van Walsum. Le secrétaire général du Polisario justifie sa demande par une présumée impartialité du diplomate néerlandais. «En adoptant une attitude délibérément pro-marocaine puisqu’elle conforte la position du Maroc qui ne conçoit de solution que «dans le cadre de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du Royaume», l’envoyé personnel se départit de l’attitude d’impartialité qui doit être la sienne… », indique Mohamed Abdelaziz dans sa lettre. En adoptant cette position, la direction du Polisario prouve encore une fois l’absence d’une volonté réelle d’avancer dans le processus de Manhasset dont l’objectif est de parvenir à une solution politique durable à un faux conflit qui dure depuis plus de trente ans. Elle révèle aussi que la proposition marocaine d’autonomie a réellement déstabilisé les petits calculs du Polisario et du pouvoir algérien car elle a mis à nu, devant l’ensemble de la communauté internationale, l’hypocrisie qui prévale dans le traitement de ce dossier à Alger où l’on ne cherche qu’à prolonger le statu quo au Sahara même si cela se fait aux dépens de la population sahraouie qui est maintenue en état de séquestration dans les camps de Tindouf.
En plus, l’offre marocaine a tellement déstabilisé l’adversaire de l’intégrité territoriale du Royaume que, un an après le début du processus de Manhasset, le Polisario reste incapable de trouver une contre-proposition réaliste qui lui permettrait de négocier correctement avec le Maroc. Car, aucune négociation ne peut aboutir s’il n’y a pas un minimum de cohérence chez les deux parties. Le Maroc, lui, a fait une proposition réaliste qui satisfait une partie des demandes d’une frange de la population sahraouie – la préservation de sa spécificité identitaire – et qui garantit la souveraineté du Royaume sur son territoire. Chez l’autre partie, il n’existe pas, encore, de vision claire ni de volonté de parvenir à une solution. Le problème n’est donc pas M. Van Walsum. Le problème est que le Polisario ne sait pas encore ce qu’il veut. Et si, aujourd’hui, Mohamed Abdelaziz exige, dans un geste désespéré, la tête de l’envoyé personnel de Ban Ki-moon, qu’est-ce qu’il ferait demain si l’éventuel successeur de ce dernier arrive, lui aussi, à la même conclusion ? Faut-il rappeler que la position du médiateur onusien n’est pas le fruit d’une appréciation personnelle mais plutôt un constat fait sur le terrain et qui a été validé et entériné par les membres permanents du Conseil de sécurité et la majorité de la communauté internationale. Pourtant, seule l’Algérie, continue à refuser de voir la réalité en face.