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Sebta et Mellila : Le débat incontournable

Le témoin à charge s’est avéré l’un des leurs. Ce célébre adage arabe qui prône de dire la vérité même si elle blesse ses proches calque exactement avec la déclaration du député espagnol Joan Puigceros. Au cours d’une intervention au Parlement, le député de la gauche républicaine pour la Catalogne a affirmé, sans ambages, que si l’Espagne réclame la souveraineté sur Gibraltar, il est logique que le Maroc réclame, lui aussi, Sebta et Mellila et toute la zone occupée en Afrique du Nord. Joan Puigcero a été encore plus explicite quand il a déclaré que l’intervention militaire espagnole pour occuper l’îlot Leila ne résoudrait pas les problèmes plus profonds tels celui de la décolonisation.
On ne peut être plus clair que M. Puiscero qui a dit tout haut ce que de nombreux politiques espagnols pensent tout bas. En l’occurrence que l’armada militaire enclenchée par le conquistador Aznar était dirigée, à travers l’îlot, contre les revendications territoriales historiques qui sont plus importantes qu’un simple rocher. Du coup certaines voix, voire quelques partis espagnols reconnaissent de facto que leur pays demeure la seule nation occidentale qui continue à pérenniser l’esprit colonial en Afrique. Une honte pour un pays européen et surtout pour l’Union Européenne qui par un esprit de solidarité aveugle a renié tous ces principes, voire les données visibles de la géographie. Curieusement Aznar qui voulait voiler cette hideuse face nouée par un extrémisme qui ne dit pas son nom a suscité l’effet contraire en étalant ses muscles. La folie des grandeurs finit toujours par atomiser son auteur et dévoiler la face cachée de la démocratie, le droit et le respect de la souveraineté dont se targue l’Espagne. Maintenant et avec la médiatisation à jet continu d’une petit îlot invisible sur les cartes du monde, toute la planète a su qu’il existe un pays en Europe qui brille par un hégémonisme révolu.
L’Espagne est aujourd’hui pointée du doigt en tant que pays colonisateur des présides marocains de Sebta, Mellila, les iles Chaffarines et autres. Ses dirigeants ne peuvent donc ouvrir des négociations sur la petite île Leila sans revenir sur tous les contentieux historiques avec le Maroc même s’ils réfutent cette hypothèse incontournable. Même la presse espagnole, très affidée aux thèses de leurs dirigeants, commence à admettre la vérité de la géographie et de l’histoire marocaines. Le quotidien El Mondo pourtant proche des conservateurs au pouvoir écrit que l’accord sur l’Ile Leila démontre que l’Espagne est disposée à négocier sur les contentieux historiques avec le Maroc à condition que cela ne soit pas sous la menace. Tant mieux puisque le Maroc n’a jamais menacé l’Espagne à moins que la présence de six gendarmes sur une île marocaine ne soit considérée comme un danger. Il faut toutefois que les dirigeants espagnols sachent que ni le problème de la pêche, ni celui de l’immigration clandestine ne sauront cacher indéfiniment la marocanité de Sebta, Mellila et les autres iles.
L’argument « historique » de la présence espagnole depuis cinq siècle dans ses villes, ne constitue nullement un titre foncier qui cautionne leur occupation. La géographie est plus têtue que l’histoire car la première repose sur le droit international et la deuxième reste aléatoire à la conjoncture de l’époque. Et même si le temps est passé sur l’occupation espagnole, l’histoire dit bien qu’avant leur occupation Sebta et Mellila étaient bel et bien sous souveraineté marocaine. Même l’histoire est têtue dans ce cas précis car depuis l’indépendance en 1956, le Maroc n’a cessé de récupérer ses territoires graduellement.
Tarfaya, Sidi Ifni et le Sahara marocain ont été récupérés graduellement du colonisateur espagnol respectivement en 1958, 1969 et 1975. Cette méthodologie de récupération de territoires marocains a certes ses détracteurs, mais elle a aussi donné ses fruits. Et l’on ne voit pas pourquoi elle ne sera pas suivie dans le cas des présides marocaines, Sebta et Mellila, ainsi que les iles Chaffarines et autres. Cette restitution ne sera pas une fatalité pour les dirigeants espagnols et leurs compères extrémistes, mais c’est la loi du droit de la souveraineté et du droit international qui l’exige. Exactement comme le droit international donne droit à l’Espagne de récupérer le rocher de Gibraltar avec les moyens diplomatiques sans se heurter à la force de frappe anglaise. C’est la leçon que les Espagnols doivent tirer de l’affaire de l’île Leila pour gérer tous les contentieux historiques ou actuels avec le Maroc. Car à part l’immigration clandestine qui affecte directement le territoire espagnol, tout est légitimement marocain dans ce contentieux. La pêche, le poisson et les eaux territoriales sont marocains. Sebta, Mellila et les iles sont marocains. Le Sahara est marocain. Seul le Polisario est algérien.

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