Couverture

Sortie médiatique de l’Association «Kif Kif» : les homosexuels marocains sortent du placard

© D.R

«2009 n’est pas une année sacrée pour nous». C’est ce qu’avait déclaré le 8 mars de l’année 2009 à ALM Samir Bargachi, 22 ans, coordinateur général de l’association Kif Kif des homosexuels marocains, basée à Madrid. Et la vivacité de la polémique qu’ avait suscité la visite de son ONG au Maroc n’avait d’égal que le vive des couleurs (gays) de l’arc-en-ciel symbole de l’association. Cette dernière, défendant à travers ses couleurs la multiplicité des orientations sexuelles (gay, bisexuel, lesbien, transexuel ) , souhaitait sortir de la clandestinité et être reconnue par la société marocaine. Les membres de «Kif Kif» avaient tenté d’organiser une conférence sur l’homosexualité à Marrakech. Mais le gouvernement ne l’a pas entendu de cette oreille et a empêché l’organisation de cette manifestation. Rappelons qu’au Maroc, l’article 489 du Code pénal stipule : «Est puni d’un emprisonnement de six mois à trois ans, et d’une amende allant de 120 à 1000 DH, à moins que le fait ne constitue une infraction plus grave, quiconque commet un acte impudique ou contre-nature avec un individu de son sexe».
L’association, se basant en Espagne et qui compte 50 membres au Maroc et 500 à l’étranger, avait toutefois attiré les projecteurs et sa sortie médiatique avait marqué l’année 2009 animant le débat public et démocratique au Maroc. «Je suis venu aujourd’hui pour briser le silence et lever toute équivoque sur les objectifs de notre association», avait déclaré Samir Bargachi. Remise au-devant de la scène, «la question de l’homosexualité», une question à manier avec des gants «dans une société pas encore prête à de grands bouleversements», avait fait réagir toutes les forces vives de la société marocaine : défenseurs des droits de l’homme, politiques, islamistes, Ouléma (PJD), intellectuelles, internautes, médias… Les réactions ont pris diverses formes. L’AMDH et la Human Rights Watch avaient appelé à la signature d’une pétition quant à la dépénalisation du délit d’homosexualité (voir encadré). Aussi quelques jours après la sortie médiatique de Bargachi, Abdellah Taïa, une autre personnalité illustre du combat gay au Maroc, a publié dans l’hebdomadaire TelQuel, sa fameuse lettre «confession à ma mère». Y a répondu dans le même l’intellectuel et chercheur en islam Rachid Benzine à travers la lettre «L’homosexualité ce n’est pas les autres». (voir encadré). Et bien sûr la toile n’a pas été épargnée par les affronts entre les sympathisants et les détracteurs. Le site de Kif Kif, www.gbtmaroc.com a été piraté par les islamistes (voir encadré). Par ailleurs, la réaction du ministère de l’intérieur ne s’était pas faite attendre. Même s’il ne le cite pas nommément de l’association des homosexuels «Kif Kif». «Il a été constaté ces derniers temps que des voix s’élèvent, à travers des médias, pour tenter de faire l’apologie de certains comportements ignobles, qui constituent une provocation pour l’opinion publique nationale et ne tiennent pas compte des valeurs morales et doctrinales de notre société», indiquait un communiqué du ministère de l’Intérieur. Devant cette situation, «les pouvoirs publics affirment leur ferme détermination à faire face, avec fermeté et dans le cadre des lois en vigueur, à tous les agissements contraires à nos valeurs», avait mis en garde le ministère de l’Intérieur.

Articles similaires

ActualitéCouvertureUne

Programmes sociaux : 70% des familles marocaines bénéficiaires

 Les bénéficiaires du soutien dans le cadre des différents programmes sociaux se...

CouvertureSociétéUne

Health Tech : la suède mène l’offensive sur le marché marocain

Un roadshow annoncé au mois de mai dans plusieurs villes du Royaume...

ActualitéCouvertureUne

Boeing, Airbus et Embraer en course sur le marché de RAM

Les géants mondiaux de l’aéronautique sont intéressés par le carnet de commandes...