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Un pas de géant

Avec la lettre royale adressée au Premier Ministre le 09 janvier 2002, une page est tournée de l’histoire de l’investissement au Maroc marquée par l’opacité des procédures, la multiplicité des organes de décision et l’imprécision des compétences.
Les lourdeurs administratives et les blocages de tous genres étaient tel qu’il est difficile d’évaluer la manque à gagner pour l’économie nationale en termes d’investissements gelés ou détournés. Et à cause de ce contexte défavorable, le discrétionnaire l’emportait sur le légal, sacrifié et bafoué par les forces tantôt occultes et tantôt visibles mais tolérées. Paradoxalement, au moment où de grands avantages étaient accordés aux investisseurs sous forme d’exonérations fiscales ou de primes diverses par les codes d’investissements, des goûlots d’étranglement empêchaient les initiatives privées de produire tous leurs fruits, et dissuadaient pendant de longues années les investisseurs notamment étrangers de venir au Maroc exploiter les potentialités immenses offertes par notre pays. La détente du climat d’investissement ces toutes dernières années s’est vite traduite par une croissance de l’IED qui dépassa alors le un milliard de $ pour atteindre les trois en 2001. Les raisons invoquées par les décideurs rappellent sans cesse que notre administration et notre environnement réglementaire et législatif étaient tellement lourds qu’ils étaient donnés en exemple par les pays concurrents, et les institutions financières internationales et les bailleurs de fond européens ou nord américains, nous incitaient à nous débarrasser de nos vieux démons. Avec le début de ce nouveau siècle, notre pays entame donc une nouvelle ère dans l’accueil et le suivi des investissements grâce au guichet unique longtemps revendiqué et enfin réalisé. La régionalisation trouvera donc grâce au nouveau système un cadre d’expression approprié, et la normalisation des procédures et leur clarification mettront fin à des décennies de gestion administrative inspirée d’un modèle archaïque et anachronique. Il est alors permis de penser que pour une fois que les procédures relatives à l’investissement vont être définies et normalisées, tout va dépendre donc de l’approche des hommes qui seront chargés de veiller au respect et à l’application des textes. En tous cas, ceux-ci devront être de vrai commerciaux qu’il va falloir évaluer sur leur objectif et les résultats obtenus.
L’institution des Walis sera en tous cas là pour veiller à la stricte application de l’esprit de la lettre Royale et ces hauts responsables de l’administration territoriale ayant fait leur preuve ailleurs sont les plus outillés et indiqués pour mener à bout cette nouvelle expérience.
Ceci incitera les régions à rivaliser entre elles pour attirer davantage les investisseurs en affichant un style de performance, d’agressivité et de dynamisme.
Evidemment, cet arsenal mi en place pour draîner les investissements et faciliter leur déploiement au niveau des régions ne peut tenir longtemps sans que d’autres mesures d’accompagnement ne soient prises au niveau de la fiscalité centrale et locale, ou celui de code de travail qui tarde à venir, ou celui de la refonte de la charte de l’investissement qui a unifié les régions différentes les unes des autres et au niveau de chantiers dont la complexité n’échappe à personne comme la mise à niveau, ou les soutiens aux exportations et l’adéquation de la formation à l’emploi exprimé par le marché du travail. De leur côté, nos Chambres de Commerce, d’Industrie et des Services, devront veiller à organiser leur deuxième assises sans plus tarder, et revoir leur cadre législatif et leur représentativité, réexaminer leur autonomie financière, et surtout se repositionner pour être le vrai relais entre les professionnels et les autorités locales et centrales, et surtout apporter leur contribution d’appui à l’entreprise et à la promotion de leur région.
Une administration de développement sera peut être le nouveau modèle dominant qui se substituera à un autre modèle concurrent et rétrograde.

• Mohamed Habib Berdaï

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