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Un Sommet à défis

L’eau et l’assainissement, l’énergie, la productivité agricole, la biodiversité et la gestion des écosystèmes, et la santé sont les cinq domaines retenus par les Nations-Unies à l’occasion de ce second sommet de la Terre organisé en Afrique du Sud. Pourtant « autant essentielles que réalisables » selon le secrétaire général de l’ONU Kofi Annan, ces cinq thématiques et leurs variantes ont fait l’objet d’âpres négociations tout au long de la semaine dernière. Il faut dire que cette conférence internationale s’est fixée un objectif très ambitieux, celui de la promotion du «développement durable», autrement dit la mise en place de moyens pour développer les pays pauvres tout en élaborant une politique globale de sauvegarde de l’environnement. Reste que, pour trouver l’équation idéale, le dur défi de ce Sommet est de trouver un terrain d’entente entre les riches et les pauvres, motivés par des intérêts le plus souvent contradictoires.
Après des débuts laborieux, les négociations ont abouti la semaine dernière à quelques accords, notamment sur la pêche pour une meilleure régulation des exploitations des fonds marins, sur l’augmentation de l’aide financière réclamée par les pays du Sud, et sur la fixation d’un échéancier pour l’amélioration de la situation sanitaire. La journée de samedi a aussi été marquée par un appel à ratifier le protocole de Kyoto de 1997 sur le changement climatique au moment où plusieurs régions du monde sont frappées par des inondations exceptionnelles (Europe et Chine notamment) et que d’autres souffrent d’une sécheresse accentuée. Une formule de compromis pour ne pas heurter Washington – toujours opposé au texte -, a été trouvée grâce à la médiation du Japon. Elle spécifie que «les Etats qui ont ratifié le protocole de Kyoto appellent avec force les Etats qui ne l’ont pas fait à ratifier en temps et heure» cet accord sur la réduction de l’émission des gaz à effet de serre.
Cet arrangement illustre d’ailleurs le manque de volonté politique affiché depuis lundi dernier : très peu d’engagements à proprement parler ont en effet été pris. La majorité des plans annoncés sont des programmes conclus entre l’ONU et des partenaires privés, ou initiés par les Occidentaux en collaboration avec des pays tiers. Samedi, l’ONU a par exemple obtenu un prêt de 500 millions de dollars pour l’Asie afin d’améliorer la qualité de l’eau et les systèmes sanitaires des villes du continent. Jeudi, plusieurs projets européens et américains de partenariats public-privé avaient aussi été annoncés. L’UE avait présenté deux plans «majeurs», l’un sur l’énergie – en vue de permettre aux deux milliards d’hommes sans électricité d’y accéder d’ici 2015 -, et l’autre sur l’eau – en vue de diminuer de moitié à la même date le pourcentage de la population mondiale sans eau potable ni assainissement. Ce dernier, déjà objet d’un accord en 2000 lors du Sommet du Millénaire organisé par l’ONU, sera centré sur l’Afrique et les 12 républiques ex-soviétiques, l’autre sur la zone ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique).
Entamés dès mardi, les pourparlers sur la question des subventions agricoles constituent pour leur part le plus des blocages. Les Etats-Unis ont été largement critiqués pour leur projet de loi visant à augmenter les subventions de leurs agriculteurs, tandis que l’Union européenne reste divisée sur la révision de sa Politique agricole commune (PAC). Ces aides du nord empêchent, selon les pays en voie développement, l’accès des denrées du Sud sur les marchés des pays riches. Européens et Américains ne veulent pourtant pas aller au-delà des promesses qu’ils avaient faites à Doha (Qatar) en novembre 2001. Ils avaient alors accepté des négociations de trois ans (2002-2004) sur la réduction des subventions agricoles. Ce dossier, comme tous ceux qui bloquent au niveau des délégués, devrait donc être directement transmis aux ministres qui se réuniront cette semaine. Car le Sommet doit accoucher, d’ici le 4 septembre, d’un «plan d’action» final accompagné d’une déclaration politique. Texte que la centaine de chefs d’Etat et de gouvernement attendus dès ce lundi devra ratifier. Et respecter.

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