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Une voix pour les émigrés

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Les citoyens marocains expatriés revendiquaient avec insistance le droit de vote. Ils auront droit à plus que ce qu’ils souhaitaient avec les décisions d’extrême importance prises par le Souverain et annoncées lors du discours de dimanche 6 novembre 2005 commémorant le trentième anniversaire de la Marche Verte.
Sa Majesté le Roi, dont le discours a été réservé, pour une grande partie, aux Marocains de l’étranger, a décliné quatre décisions liées les unes aux autres puisque visant à donner à ces derniers un plus grand rôle dans la vie politique du pays.
Ainsi, les Marocains résidant à l’étranger auront le droit de se faire représenter, de «façon appropriée, réaliste et rationnelle», indique le Souverain. Il ne sera donc pas question de quelques sièges MRE au sein de la contestée Chambre des conseillers comme cela aura été le cas entre 1984 et 1992 avec un total de cinq sièges MRE.
La deuxième décision du Souverain, explicitant plus la première, matérialise cette forme de représentation qui passera par le biais de circonscriptions législatives qui seront créées à l’étranger et où les Marocains auront droit d’élire et se faire élire. La troisième décision royale accorde le droit de vote et de candidature aux nouvelles générations à l’instar de ce qui a été initié à l’intérieur du pays pour une « citoyenneté pleine et entière», comme l’affirme Sa Majesté le Roi Mohammed VI.
Lors de ce même discours, le Souverain a donné ses directives au gouvernement pour que ces trois décisions deviennent une réalité concrète. L’exécutif devra s’atteler, lors de la révision du Code électoral, à retenir la participation aux scrutins législatifs des Marocains résidant à l’étranger. Ce chantier de la révision du Code électoral sera ébauché dès que le Parlement aura adopté le projet de loi sur les partis politiques. Ce dernier projet a déjà été voté à l’unanimité à la première Chambre quelques jours seulement après l’ouverture de la présente session automnale. Une deuxième lecture, par la même chambre, paraît exclue. 
La quatrième décision, et non des moindres, est porteuse d’une bonne nouvelle pour nos concitoyens expatriés. Ces derniers auront droit à un conseil supérieur présidé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI qui veillera, en plus, à en désigner une partie des membres. Le reste, promet le Souverain, sera choisi « de façon démocratique et transparente, et bénéficiant de toutes les garanties de crédibilité, d’efficience et de représentativité authentique. », selon les termes de Sa Majesté le Roi.
Le droit de vote est une assez vieille revendication des Marocains résidant à l’étranger et notamment d’une grande partie d’entre eux vivant en Europe. Plusieurs initiatives ont été entreprises avant les dernières élections législatives de septembre 2002, mais sans résultat. Les milieux des RME, notamment en France et en Belgique, n’arrivaient pas à admettre l’argument attestant d’une faisabilité techniquement impossible. Ils donnaient, pour contre-exemples, les expériences de pays qui nous sont très proches comme la France, l’Algérie ou encore la Mauritanie.
Fin septembre dernier (cf. ALM du 28/09/2005), des collectifs de Marocains résidant à l’étranger lançaient une pétition sur Internet pour demander, de nouveau, le droit de vote. La pétition, qui devait atterrir en définitive chez Driss Jettou, reprend une série de griefs faits autant au gouvernement qu’à la classe politique marocaine. Les initiateurs de cette pétition s’estiment lésés, en général, dans les droits que leur confèrent Constitution et citoyenneté. Aux partis politiques, ils reprochaient une certaine « frilosité » qu’ils disent injustifiée.
Aujourd’hui, avec les décisions royales annoncées dimanche, le tort est levé et l’injustice réparée.
Le nombre des Marocains résidant à l’étranger est estimé à plus de trois millions avec une grande concentration dans les pays d’Europe occidentale et notamment en France, en Espagne et en Belgique. Désormais, ils auront la possibilité de pleinement participer à la prise de décisions politiques comme ils ont toujours contribué à l’essor économique du Maroc. En effet, cette communauté, restée très attachée à son pays natal, se distingue par ses importants transferts en devises qui croissent d’année en année.

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