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Vivre loin du Léviathan

Sociologiquement, la droite, au Maroc, est méconnaissable. A défaut d’une visibilité théorique et politique, elle se contente de gérer la quotidienneté à sa manière. Par le recours constant aux calculs politiciens. Des calculs éphémères et passagers de par leur nature .
Peut-on être libéral dans un pays où l’analphabétisme touche 89 % des femmes rurales et face à une dette qui absorbe environ 30% du budget de l’Etat ? Le libéralisme, tel que nous l’enseigne l’histoire, est synonyme de liberté et de désengagement de l’Etat par rapport à l’action économique. Or, une des caractéristiques de l’économie marocaine consiste en la détention, par l’Etat, des secteurs stratégiques du pays et des moyens de production les plus importants; du moins jusqu’à une date récente.
Suite à l’application de la Politique d’ajustement structurel, en 1983, et les privatisations qui s’ensuivirent, les forces libérales devraient disposer d’atouts importants pour imposer leurs visions du monde au champ politique. Mais, contrairement, à toute logique et en dépit de leur présence massive au sein des institutions élues, elles sont restées minoritaires sur le plan social . Une carence qui s’explique par la conjonction de plusieurs éléments.
Un de ces facteurs consiste en l’hégémonie, d’une part, de l’idéologie socialiste ( qui n’est pas nécessairement marxiste), au niveau de l’élite moderne et, d’autre part, de la culture salafite au sein des sphères traditionnelles. Dans « L’Idéologie arabe contemporaine), l’historien Abdellah Laroui, relève ce phénomène paradoxal selon lequel l’élite arabe aspire au socialisme, sans passer par le libéralisme. Un phénomène qui se traduit par la mise en place d’un capitalisme d’Etat, au lieu de générer un Etat capitaliste.
Un autre facteur non moins important, qui explique le retard du libéralisme, consiste en sa dépendance aux appareils de l’Etat ; et plus exactement à ses centres de décision.
A maintes reprises, les forces, potentiellement, libérales se sont laissées endormir par le gain facile et l’appui sur l’aide de l’Etat . Un Léviathan qui ne ménage aucune sphère.
Au lieu de préconiser moins d’Etat sur le plan politique, et être conséquent avec leur devoir de libéraux, comme c’est le cas en économie, les dirigeants de la droite ont versé dans le conservatisme et préféré la rente politique à l’aventure créative. La même démarche a été préconisée sur le plan économique, à travers l’adoption de la spéculation foncière.
Sur le plan médiatique, les conquêtes des libéraux sont restées limitées.
Bien entendu, avec l’avènement de l’ère nouvelle et l’annonce explicite de la fin des temps de la rente politique, les forces réelles de la droite libérale auraient pu tirer les leçons nécessaires de leur échec sur le plan de l’initiative politique et sociale et suivre, au moins, les traces du nouveau règne et procéder à une véritable mise à niveau de leurs actions et cadres organisationnels. Mais, contrairement à ces attentes, on constate un RNI qui n’arrive pas à se dissocier de ses alliés de gauche, et à un parti dit « Forces citoyennes » qui prend à son compte les antidotes de la gauche radicale. Faisant rater à la mouvance de droite l’occasion de renforcer ses rangs et de se doter d’une nouvelle teinte jeune et dynamique.

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