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Alain Juppé, une alternative désenchantée à Sarkozy

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L’expression qui sied le plus à Alain, ancien Premier ministre et actuel maire de Bordeaux, est qu’il est un homme qui sort du bois, qui prend acte pour la prochaine présidentielle. Ses dernières interventions sont autant d’esquisses qui dessinent le contour d’un candidat déclaré, désireux d’incarner le nouvel espoir à droite. Même s’il prend l’extrême prudence d’affirmer que Nicolas Sarkozy sera le candidat naturel pour 2012, il prend tout de suite le pari d’être une alternative dans le cas où l’actuel président de la République décide de jeter l’éponge. Pour atteindre cet objectif, Alain Juppé, l’homme que Jacques Chirac avait affublé du sobriquet flatteur «du meilleur d’entre nous», est en train de construire une nouvelle offre politique qui sera forcément distincte de celle que Nicolas Sarkozy avait proposée aux Français. En affirmant qu’il n’a jamais cru à «la rupture», Alain Juppé tacle le fondement politique à travers lequel Nicolas Sarkozy avait réussi à séduire et à s’imposer. Il livre par ailleurs une lecture assez tranchée des raisons qui ont plombé Nicolas Sarkozy: «Après la sarkofolie, la sarkophobie ! Une partie du désamour est incontestablement liée au style». Histoire d’indiquer que lui adoptera un style totalement différent de celui de Nicolas Sarkozy. L’actuel président est accusé par ses détracteurs d’avoir fait de l’égocentrisme excessif, du narcissisme exagéré et du nombrilisme presque pathologique, un mode de gestion et de gouvernement. Alain Juppé promet de revenir aux fondamentaux de la fonction présidentielle malmenée. L’insistance sur le style de Nicolas Sarkozy acquiert une importance politique capitale. Elle peut rassurer les équipes et les réseaux qui seraient réticents aux changements, tout en opérant une distinction claire et nette qui donne envie d’avoir ce changement. Sur de nombreux sujets sensibles, Alain Juppé a tenu à marquer sa différence, comme la nécessité de légiférer sur le port de la burqa, portée haut la main par un autre candidat potentiel à droite, Jean-François Copé et validé par Nicolas Sarkozy au lendemain du choc des régionales. Pour Alain Juppé, qui tient à inscrire à droite une partition particulière sur ce sujet brûlant «une loi générale risque de donner le sentiment d’une stigmatisation de l’Islam». Sur d’autres sujets comme la nécessité de revoir le bouclier fiscal, le renoncement à la taxe carbone, la réforme de la retraite, Alain Juppé marque sa différence avec une précision qui en dit long sur sa détermination à remporter les primaires au sein de l’UMP dans le cas où naturellement Nicolas Sarkozy sort du jeu de la présidentielle. En faisant ce genre de déclarations, Alain Juppé n’est pas certain d’être le bienvenu à l’Elysée. Ses sorties et ses tentatives de sculpter le profil d’un candidat pour 2012 ne font que souligner davantage le grand marasme que traverse Nicolas Sarkozy après la défaite des régionales et son incapacité à rebondir et à s’imposer comme le porte-drapeau naturel de la droite pour les prochains combats. Qu’un homme comme Dominique de Villepin adopte une telle attitude est naturel. L’homme est dans la rupture frontale avec le locataire de l’Elysée. Mais qu’Alain Juppé le fasse, il agit comme un gigantesque révélateur du malaise et de l’incertitude que produit Nicolas Sarkozy.

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