La Turquie a riposté par des raids aériens à une attaque sanglante des rebelles kurdes qui a coûté la vie à 17 de ses soldats, un bilan très lourd pour une attaque qui devait faire l’objet lundi d’une réunion du gouvernement à Ankara. L’aviation turque a effectué tard dimanche et lundi matin un nouveau raid contre des bases des séparatistes kurdes du PKK dans le nord de l’Irak, en riposte à une attaque des rebelles vendredi près de la frontière irakienne, a annoncé l’armée turque. Des chasseurs turcs avaient déjà bombardé samedi des repaires du PKK dans le nord de l’Irak, selon l’état-major turc, sans donner de bilan. Le PKK a affirmé lundi avoir récupéré les corps de deux autres soldats portés disparus par l’armée, portant le bilan de l’assaut à 17.
L’armée turque avait indiqué dimanche que ces deux conscrits étaient «probablement morts». Selon les journaux, des «bérets bordeaux», les forces spéciales de l’armée de terre, ont été dépêchés dans la zone pour empêcher tout nouvelle infiltration depuis le Kurdistan irakien. Le numéro deux de l’état-major, le général Hasan Igsiz, a accusé dimanche devant la presse l’administration kurde d’Irak de soutenir les rebelles réfugiés par milliers dans la zone en « infrastructures telles que des hôpitaux et des routes ». M. Erdogan a lui aussi lancé dimanche un nouvel appel aux Kurdes d’Irak. « Des mesures doivent être prises contre les bases (du PKK). Nous attendons des actes positifs sur le terrain », a-t-il réclamé. Des dizaines de milliers de personnes ont assisté aux obsèques organisées à travers le pays pour les soldats «martyrs».
Les funérailles ont été ponctuées de démonstrations de colère contre le PKK, ainsi que contre M. Erdogan et le chef de l’Etat Abdullah Gül, selon les médias. Pour les observateurs, l’attaque de vendredi place le gouvernement dans une situation difficile. Car si les appels à la riposte se multiplient, Ankara doit aussi veiller à ne pas s’aliéner son allié américain par une offensive de grande ampleur.
• Burak Akinci (AFP)