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Berlin à la reconquête de Washington

Washington a opté pour la bouderie. Tandis que les dirigeants se succédaient lundi pour féliciter Gerhard Schröder, reconduit à la chancellerie à l’issue du scrutin législatif de dimanche, la Maison-Blanche affichait une humeur glaciale. Le département d’Etat a préféré attendre l’après-midi pour publier un communiqué laconique stipulant que «les électeurs allemands ont parlé clairement via un processus démocratique et nous attendons maintenant de travailler avec le gouvernement allemand sur des sujets d’intérêt commun».
Le secrétaire américain à la Défense, Donald Rumsfeld, refusait dans le même temps de rencontrer son homologue allemand, Peter Struck, en marge d’une réunion informelle de l’OTAN à Varsovie (Pologne) mardi et mercredi. «Je dois dire que la manière dont la campagne électorale s’est déroulée ne va pas aider et, comme l’a dit la MaisonBlanche, cela a empoisonné nos relations», a estimé le responsable américain.
Le conseiller allemand pour les relations avec les Etats-Unis, Karsten Voigt, a bien tenté de justifier les quelques «dérapages» politiques par l’euphorie ambiante en fin de campagne. «Cela arrive souvent (…) que, lors d’une campagne électorale, le débat sur la politique étrangère soit influencé par des éléments intérieurs», a-t-il expliqué. Et d’ajouter que «les deux parties devraient chercher l’apaisement et chercher des domaines, en matière de sécurité et de défense, (où nous) pouvons travailler ensemble plus étroitement que nous ne l’avons fait par le passé». Furieuse, l’administration Bush n’entend donc passer si facilement l’éponge. Ni sur l’obstination allemande face à ses projets irakiens, ni sur l’effronterie malvenue de la désormais ex-ministre allemande de la justice.
Herta Daeubler-Gmelin aurait en effet déclaré jeudi dernier qu’avec l’Irak, le président Bush voulait détourner l’attention des problèmes intérieurs aux Etats-Unis, une méthode de diversion qui avait été utilisée en Allemagne par le dirigeant nazi Adolf Hitler ! Démentis sans trop de conviction le lendemain, ces propos avaient fait trembler les murs de la Maison-Blanche. Samedi, dans les colonnes du Financial Times Deutschland, la conseillère du président, Condoleezza Rice, évoquait le climat «empoisonné» entre les deux pays. Lundi, Mme Daeubler-Gmelin a tiré sa révérence, décision jugée «humainement très convenable et hautement respectable» par Gerhard Schröder…
Le «poison» est cependant loin de venir des seuls propos de la ministre. Son chancelier lui-même avait fait de son hostilité à toute action militaire contre Baghdad, son grand thème de campagne. Des «faits dérangeants» pour le département d’Etat américain, un rebondissement électoral pour le leader du SPD qui s’était attiré la faveur de deux tiers des Allemands. «Le chancelier Schröder et son gouvernement ont beaucoup de travail à faire pour réparer les dégâts qu’il a provoqués par ses excès pendant sa campagne électorale», a prévenu Washington. En bon élève, Berlin a déjà commencé à «travailler» en proposant mardi de prendre avec les Pays-Bas le commandement de la Force internationale de paix (ISAF) en Afghanistan, la Turquie devant passer le relais en décembre. «C’est une contribution importante que le gouvernement américain appréciera», a alors estimé le ministre allemand de la Défense espérant qu’outre-Atlantique, on relèvera la fidélité allemande aux principes de la lutte américaine contre le terrorisme.

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