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Bertrand Delanoë, socialiste et libéral pour conquérir le PS

Logiquement Nicolas Sarkozy, entre deux crises de nerfs contre sa majorité et son gouvernement, doit prendre son téléphone pour passer un coup de fil ou écrire un texte à Bertrand Delanoë sur le style : «Bertrand, la rupture, j’en ai rêvé et toi, tu t’apprêtes à la vivre !».  Ce serait sa manière à lui de participer à ce grand débat politique qui secoue la galaxie socialiste depuis que l’actuel maire de Paris a publié son livre d’entretien avec le directeur de «Libération» Laurent Joffrin intitulé «De l’audace» aux éditions Roberts Laffont.
Le livre fait partie d’une stratégie de communication destinée à placer Bertrand Delanoë sur une orbite présidentielle qui passe forcement par la conquête du Parti socialiste lors de son congrès prévu en novembre prochain. Depuis sa réélection triomphale à la mairie de Paris, Bertrand Delanoë s’est senti pousser des ailes. Une vraie renaissance pour un homme politique de dimension respectable certes, mais qui a toujours vécu dans l’ombre écrasante de Lionel Jospin. Depuis, Bertrand Delanoë est sur un petit nuage. Il ne s’interdit aucune ambition. Avec des mots qui sentent bon le mystère et l’implicite, il a pris l’habitude d’opposer aux interrogations des journalistes une hésitation calculée, à la limite de la coquetterie.
En publiant son livre à quelques mois d’un congrès où de nombreux ego vont s’affronter pour succéder à François Hollande, Bertrand Delanoë visait à combler un déficit d’informations et d’images handicapant pour une personnalité qui vise un destin national. En effet, si les Parisiens savent à quoi s’en tenir avec Monsieur le maire, les Français ignorent ce que pense l’ambitieux Bertrand Delanoë.
Le livre «De l’audace» dévoile un Bertrand Delanoë inédit qui tente un posture originale. Une synthèse hardie entre les valeurs du socialisme et les mérites du libéralisme. Voici comment Bertrand Delanoë explique ce grand virage : «Certains se revendiquent de la gauche antilibérale». C’est une formule étrange. Le libéralisme est d’abord une philosophie politique de la liberté. François Mitterrand disait toujours : «Nous avons bien tort de laisser l’adjectif libéral à la droite. A gauche, nous sommes les défenseurs de liberté, y compris dans le domaine économique».
Cette posture est en train de provoquer un vif débat au sein des socialistes. Le député européen  PS Benoit Hamon s’en étrangle de dépit : «Au moment où le modèle économique libéral est en plein marasme (…)  Bertrand Delanoë nous joue l’ode au libéralisme».  Tandis qu’un proche de Dominique Strauss Kahn, Jean-Christophe Cambadélis s’insurge : «De quoi parle-t-on? Du courant philosophique des Lumières ? Du courant économique thatchérien? Le débat n’est pas nouveau. Il a déjà été tranché. Cela s’appelle le socialisme des libertés. Cela a un autre nom, un joli nom, c’est l’émancipation».
Bertrand  Delanoë est souvent présenté comme le seul, auréolé de son triomphe municipal, de sa capacité à fédérer les forces hostiles aux intérêts contradictoires, capable de barrer la route à Ségolène Royal dans sa volonté déterminée de se réinvestir dans la prochaine présidentielle. D’ailleurs un duel Royal-Delanoë est déjà dans tous les esprits. Une occasion rêvée pour les uns qui exigent que les enjeux de personnes soient tranchés le plus tôt possible pour laisser place à la formulation d’un projet et à la construction d’un vrai candidat. Un cauchemar pour les autres qui y voient une présidentialisation exténuante du parti dont le résultat serait au mieux une lutte fratricide qui affaiblit plus qu’elle ne renforce.
En faisant son coming out libéral, Bertrand Delanoë crée un buzz médiatique des plus rafraîchissants, focalise, certes l’attention sur ses idées et sa personne, entraine ses adversaires sur son terrain de lutte favori et dispose du choix des armes. Mais il désarçonne  par la même occasion aussi les fondements politiques de son succès municipal qui lui a permis d’être la personnalité de recours qu’il est aujourd’hui. Bertrand Delanoë avait gagné son bras de fer avec Ségolène Royal sur la validité et l’opportunité de s’allier avec le centre pour battre la droite. Et pour cela les Verts, les communistes et l’extrême gauche lui étaient d’un grand secours. Maintenant qu’il va devoir expliquer son virage libéral à ses anciens alliés, le succès d’estime n’est pas forcement garanti. 

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