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Bouteflika punit son Premier ministre

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Difficile de faire de la politique lorsqu’on navigue à contre-courant au pays d’Abdelaziz Bouteflika, même si on est Premier ministre. En tenant tête au Front national de libération (FLN), Ahmed Ouyahia, chef du gouvernement, s’expose à un isolement graduel. Le président Bouteflika et son entourage apprécient de moins en moins le fait que l’homme fort du Rassemblement national démocratique (RND) bataille sur tous les fronts. Il risquait ainsi, à leurs yeux, de piquer la vedette au « premier magistrat du pays », celui qui détient le monopole des décisions «importantes» et «stratégiques».
Dimanche dernier, Abdelaziz Belkhadem, SG du FLN, a annoncé que le président ne participera pas au sommet de l’Union africaine prévu à Abuja, au Nigeria, les 3 et 4 mai 2006 et que c’est lui-même qui va le représenter et non pas le Premier ministre, contrairement à la coutume.
« J’ai voulu anticiper et rencontrer nos amis de la presse car, hélas, le 3 mai, je ne pourrai pas le faire. Le président de la République m’a chargé de la mission de conduire la délégation algérienne au sommet de l’Union africaine à Abuja, » a-t-il déclaré.
Pour le quotidien “Le Soir d’Algérie”, qui a relayé l’information, «cette défection prouve deux choses au moins : que Bouteflika, l’un des trois chefs d’Etat initiateurs du projet de l’Union africaine, poursuit sa convalescence. Et que, cette fois-ci, en ne déléguant pas Ahmed Ouyahia pour le représenter, il chercherait à “atténuer” de l’ascension internationale du chef du gouvernement».
La manœuvre du président algérien d’écarter Ahmed Ouyahia de la scène internationale n’est guère dénuée de mauvaises intentions. D’après certains observateurs, ceci est perçu comme une sorte de “punition”.
En fait, depuis ces derniers mois, Ahmed Ouyahia avait été en désaccord avec le FLN sur plusieurs dossiers, notamment le dossier concernant l’augmentation des salaires. Le parti au pouvoir n’a pas aimé ses diverses initiatives qui vont à l’encontre de leur vision.
Plus encore, le secrétaire général du RND a été le seul à prendre la défense des ministres de son parti après que le président algérien les avait tous traités de “menteurs”.
Lors d’une sortie médiatique, le chef du gouvernement a comparé son équipe gouvernementale à une équipe nationale de football. Le succès de cette dernière ou sa défaite dépend d’un acte sportif collectif. 
«Ce qui m’intéresse, ce n’est pas le rendement de quatre ou cinq ministres, le plus important est le travail de l’équipe dans sa globalité. Maintenant, les problèmes qui se posent sur le terrain sont une autre paire de manches. La gestion des affaires du pays est un enfer », avait-t-il précisé.
Grosso modo, Ahmed Ouyahia, ce fils dévoué de l’armée algérienne, qui a toujours été l’une des clés de voûte du gouvernement risque par son ascension de compromettre les affaires du président algérien.
Aujourd’hui, Bouteflika mise sur une révision de la Constitution pour briguer un troisième mandat. En faisant bonne impression, son Premier ministre apparaît comme un éventuel candidat à la présidentielle. Il doit donc être écarté avant qu’il ne puisse faire de dégâts.  

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