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Durban II donne des migraines à la diplomatie française

On le sentait depuis le début. Aller à Genève, devenait non seulement un imbroglio pour la diplomatie française mais aussi presque une question existentielle : Y aller pour quel but et s’absenter pour quelles raisons ? Et jusqu’à la dernière minute, la question taraudait les esprits et empêchait une lisibilité dans l’approche française de ce sommet de l’ONU contre le racisme. Un fait est certain, les pays européens ont dû discuter longtemps pour aboutir à un résultat concret : ils sont dans l’incapacité d’adopter une positon commune face à une problématique internationale d’une extrême sensibilité. En ordre dispersé et avec des arrières-pensées multiples et diverses, ils sont partis à Genève avec le secret espoir d’éviter le clash qui révèle leurs contradictions.
Puis arriva ce qui était programmé d’arriver. Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad prononça son discours et sa charge contre «Israël, régime raciste». Les représentants des pays européens ont quitté la salle en signe de protestation. Cette attitude et la ferme condamnation de Nicolas Sarkozy depuis Paris ne parviennent toujours pas à clore le débat sur la participation de la France à ce sommet alors que des pays européens, et non des moindres comme l’Allemagne, l’Italie, la Pologne et les Pays-Bas, ont décidé de boycotter ce sommet, sans parler de la position tranchée des Etats-Unis que dirige Barack Obama.
Devant une telle «anomalie» qui donne l’illusion de rompre avec une forme de solidarité occidentale, la diplomatie française s’est trouvée en positon d’accusée, obligée de justifier le sens de sa participation à ce forum. Rama Yade, secrétaire d’Etat aux Droits de l’Homme est montée au créneau pour tenter de résumer la morale de l’histoire qui lui a fait préférer la participation à la chaise vide : «Il y a des raisons de boycotter cette conférence et Durban I a laissé un souvenir amer. Mais, nous voulions être là parce que nous considérons que la désertion n’est pas une solution(…)  Ne laissons pas la tribune de l’ONU aux extrémistes. Il faut être présents pour leur apporter une contradiction immédiate».
Le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, est venu à la rescousse pour dire tout le bien qu’il pense de cette conférence devant les critiques de plus en plus virulentes contre la participation française : «Ce n’est pas du tout un échec mais le début d’un succès». Il en veut pour preuve le contenu du communiqué final que Durban II s’apprête à adopter: «un texte où figure tout ce que nous souhaitions, tout ce que les pays occidentaux souhaitaient».
Bernard Kouchner a profité de cette occasion pour décocher une critique envenimée à l’Administration de Barack Obama. Il a pointé la contradiction américaine qui  consiste à dénoncer vigoureusement les déclarations du président iranien Ahmadinejad tout en indiquant que cette posture ne remettait pas en cause leur stratégie d’entamer un dialogue avec l’Iran : «C’est plus qu’un paradoxe, cela peut être vraiment une erreur». Pour un ministre catalogué à gauche, connu pour son tropisme atlantiste et ses amitiés américaines bruyamment revendiqués, ce haussement de sourcils vaut insurrection.  Ce sommet et la tempête déclenchée par le discours du président iranien ont provoqué des crispations françaises domestiques. L’opposition s’est saisie de cette affaire pour tenter d’aggraver les difficultés que rencontre Nicolas Sarkozy sur le sujet.  Martine Aubry , première secrétaire du PS, fait visiblement  dans la surenchère politique pour mettre mal à l’aise le président de la République : «Du fait de ces dérapages, c’est l’ensemble de la conférence qui se trouve discrédité (…)  La France et l’Union européenne doivent tirer immédiatement les conséquences de cet état de fait en se retirant de la conférence de Genève».
Nicolas Sarkozy n’a pas entendu l’appel de son opposition l’invitant à quitter définitivement la rencontre de Genève. La France fait donc partie  des 22 pays européens qui ont décidé reprendre leur participation à cette conférence de l’ONU sur le racisme. L’urgence immédiate pour Durban II est de faire oublier le discours enflammé d’Ahmadinejad et de valoriser le grand chemin parcouru depuis Durban I en Afrique du Sud… un recul cuisant pour les uns , une avancée extraordinaire pour les autres.

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