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Haïti : un mois après le séisme, une crise politique se dessine

Un mois après le tremblement de terre qui a ravagé son pays, le président haïtien René Préval doit aussi faire face à une opposition qui réclame sa démission, ou au moins la formation d’un nouveau gouvernement. Désorganisation des secours, aide humanitaire qui n’arrive pas, services publics inexistants, violence dans les rues: les Haïtiens n’ont pas mis longtemps à accuser d’incompétence un pouvoir qui a laissé glisser la survie du pays entre les mains des puissances étrangères, particulièrement des Etats-Unis et de leurs 20.000 soldats déployés sur zone. Deux semaines après le séisme, des sénateurs ont lancé les premières salves contre le président, accusé d’inaction, et réclamé un remaniement du gouvernement. Une formation va désormais plus loin: le Conseil national des partis politiques haïtiens (droite) demande la convocation «d’états généraux des secteurs vitaux de la Nation». «Il faut à notre pays une nouvelle direction pour faire face avec compétence et honnêteté à la situation et répondre aux attentes de la population en détresse», justifie Osner Févry, un de ses dirigeants. Plus nuancée, une sénatrice soutient l’idée d’un «gouvernement renforcé». «Nous sommes dans une dynamique pour établir un gouvernement réduit, constitué de gens compétents, qui devraient avoir un programme bien défini», soutient Edmonde Beauzile, qui plaide pour la création de deux postes clés pour l’emploi et le logement. La parlementaire socialiste ainsi que certains de ses collègues du Sénat sont convaincus que le gouvernement actuel est «dépassé par la situation». «Le Premier ministre (Jean-Max) Bellerive donne l’impression qu’il ne coordonne pas l’action gouvernementale», soutient-elle. «Le gouvernement a toujours été en prise avec les événements et contrôle la situation. Ce que je propose c’est de mettre en place un gouvernement de crise, ce qui ne veut pas dire forcément un remaniement», a répondu le Premier ministre haïtien. Dans le chaos qui a suivi le séisme et ses plus de 217.000 morts, le Conseil électoral a reporté sine die le scrutin prévu fin février pour le renouvellement de la Chambre et du tiers du Sénat. Cependant, un parti politique insiste sur la tenue d’élections pour renouveler l’appareil politique du pays. «Le moment est venu de faire appel à d’autres dirigeants en organisant des élections car nous ne pouvons pas garder à la tête du pays des hommes et des femmes sans sensibilité éthique, sans aucune dignité, sans aucune fierté haïtienne», soutient le Groupement solidarité. «Le pays n’est pas prêt pour de nouvelles élections. Honnêtement, on ne peut pas organiser un scrutin sous des tentes», rétorque le député Jean-Marcel Luméran. Ce parlementaire soutient, en revanche, la proposition d’une prolongation de mandat des dirigeants actuels, parlement et exécutif, pour 18 mois. «Il faut penser les choses calmement, car nous n’avons pas besoin d’une crise politique», tempère Myrlande Manigat, dirigeante d’une plateforme de partis politiques. Partisane d’un gouvernement d’union nationale, l’ancienne sénatrice veut éviter néanmoins tout chambardement. «Il y a des indices qui font craindre une crise sociale à cause de l’accumulation des frustrations, ce qui peut déboucher sur une éruption de colère incontrôlable», redoute-t-elle

  Clarens Renois (AFP)

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