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Irak : 99 jours avant le transfert du pouvoir

© D.R

Le compte à rebours a commencé en Irak. Le gouvernement devra être remis aux Irakiens d’ici le 30 juin, selon les voeux de George W. Bush qui veut faire de ce pays, «la première démocratie arabe».
Sur le terrain, la rue irakienne reste assez sceptique quant à la portée de ce transfert de pouvoir. La presse américaine accuse George W. Bush d’avoir choisi cette date, à quelques encablures du mois de novembre, pour des considérations électorales. En tout cas, sur le terrain, la transition politique s’annonce délicate. La composition d’une assemblée représentative sera compliquée en raison des positions chiites et kurdes, diamétralement opposées sur le processus à suivre. Pour les kurdes, le futur gouvernement doit être fédéral.
Les chiites maintiennent de leur côté leur position de principe selon laquelle, il est hors de question que la future assemblée nationale puisse se baser sur la loi fondamentale, «inspirée» par les Américains, de vouloir faire endosser à l’ONU, la loi fondamentale du 8 mars.
L’Ayatollah Ali Sistani, l’un des leaders de la communauté chiite irakienne, a exhorté les Nations Unies de ne pas entériner par une résolution la Constitution provisoire adoptée le 8 mars par le Conseil intérimaire avec le soutien et la bénédiction de Washington. Opposé à la «loi administrative de transition», Sistani conditionne toute rencontre avec l’Algérien Lakhdar Brahimi, émissaire de l’ONU, au rejet de cette loi, «illégitime».
Le dignitaire religieux a estimé lundi que ce texte était une «loi étrangère» imposée par les «forces d’occupation», tout en demandant à l’ONU d’être claire sur la question. De son côté, Paul Bremer a souligné, en réponse à Sistani, qu’il revient aux députés et non à la coalisation de décider de ce qu’ils veulent inclure dans la «constitution permanente». Grande inconnue, la position des sunnites, affaiblis par la mainmise américaine sur les affaires de l’Irak. Selon les spécialistes, les membres du Conseil des Oulémas risque de continuer à bouder le processus en cours.
Dans le calendrier établi, les élections générales sont prévues en janvier 2005. L’explosion de la violence ces derniers jours n’y changera rien selon le CIG qui entend poursuivre son programme. Sur le terrain, l’armée de la coalition a exprimé de sévères pertes dans la deuxième quinzaine de mars. A la traditionnelle hostilité présente dans le triangle sunnite, s’ajoutent désormais les positions politiques chiites, défavorables aux USA qui ont annoncé, en retour, une réglementation stricte des pèlerinages d’iraniens sur les lieux saints du chiisme et de limiter le séjour des pèlerins. Ces mouvements, encouragés durant les premiers jours de l’occupation représentent aux yeux des américains une éventuelle source d’insécurité.
Les attentats du 2 mars qui ont fait plus de 170 morts ont conduit les Américains à penser que des étrangers venus soutenir la guérilla se seraient infiltrés dans les convois de pèlerins. Chaque pèlerin doit désormais présenter un passeport et à limiter son séjour à une semaine. Plus question d’autorisation pour toute une caravane, un groupe. Mais, malgré l’insécurité grandissante et les attaques meurtrières, contre les civils, les coopérants étrangers et les soldats de la coalition, le business autour du pétrole et du marché de la reconstruction va bien. Dernier à rejoindre la pléthore des entreprises américaines sur place, la compagnie britannique «Amec» qui vient de décrocher un contrat d’une valeur d’un milliard de dollars pour la reconstruction du réseau irakien de distribution d’eau potable. Il s’agit du plus gros contrat octroyé jusque-là à une firme britannique dans le cadre du programme de reconstruction de l’Irak. Il y a douze jours, un consortium britannique s’était vu attribuer un marché de 500 millions de dollars pour la reconstruction du réseau électrique irakien.
Le gouvernement américain a également confié avant-hier à Lucent Technologies Inc, la réparation et la modernisation des systèmes de communications irakiens pour un contrat non divulgué, qui s’ajoute au projet de 25 millions de dollars octroyé à la même entreprise pour la mise à disposition de matériel destiné à remettre en route les infrastructures en communications.
Le Pentagone a aussi porté son choix sur un consortium d’entreprises d’Arlington, en Virginie, pour un contrat de plusieurs millions de dollars, pour la reconstruction des infrastructures aériennes, portuaires, routières et ferroviaires. Le moins que l’on puisse dire est que, avec l’approche de la date du 30 juin, le rythme des attributions de marchés aux firmes étrangères, a atteint une vitesse de croisière.

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