Début de semaine sanglant en Irak au lendemain de la présentation par le Premier ministre Nouri al-Maliki du plan de réconciliation nationale : soixante-trois personnes ont été tuées lundi dans une série d’attaques. Les deux attentats les plus meurtriers ont visé des marchés fréquentés par des chiites. Le premier a fait 18 morts et 20 blessés à Kharnabat (70 km au nord de Bagdad) et le second dix tués et 79 blessés à Hilla (100 km au sud de Bagdad). En outre, dix étudiants de provinces sunnites ont été enlevés par des hommes armés dans la capitale. Des engins de forte puissance ont explosé dans des marchés centraux des villes irakiennes de Hillah et de Baqouba lundi soir peu après le coucher du soleil. À Baqouba, fief de l’insurrection sunnite, à 60km au nord-est de Bagdad, une bombe dissimulée dans une bicyclette a coûté la vie à 20 personnes et blessé 30 autres. Peu auparavant, un attentat à la bombe avait fait au moins 15 morts et 56 blessés dans le marché central de Hillah, ville à majorité chiite située près de l’ancienne Babylone, à 90km au sud de la capitale. Le marché était bondé, pour les achats d’avant dîner, lorsque l’engin a explosé. Des ambulances ont multiplié les navettes en soirée pour acheminer les blessés vers des hôpitaux.
En plein chaos, des survivants ulcérés hurlaient à bas la police et lançaient des pierres vers les forces de l’ordre pour dénoncer la faiblesse du dispositif de sécurité. Parallèlement à cet attentat aveugle, imputé à la guérilla sunnite, un Marine américain a succombé à des blessures contractées au combat dans la province d’Anbar, bastion insurgé à l’ouest de Bagdad.
L’armée américaine n’a pas fourni plus de détails. Ce décès porte au moins à 2.523 le nombre d’Américains, essentiellement militaires mais aussi civils pour sept d’entre eux, morts en Irak depuis le déclenchement de la guerre en mars 2003, selon un décompte de l’agence Associated Press.
Le vice-président Tarek al-Hachémi (sunnite) a appelé les rebelles à reconsidérer leur position même s’il a trouvé le plan de M.Maliki insuffisant pour les amener à la table des négociations.
«La règle du jeu a changé en Irak, elle n’est plus celle de 2004 et les Américains cherchent une porte de sortie du pays. Et du moment que cette règle a changé, la résistance doit revoir sa manière de gérer la crise», a déclaré M.Hachémi, leader du Parti islamique, dans un entretien avec l’agence AFP. Ajoutant que : «les problèmes de l’Irak ne se limitent plus à l’occupation. Nous avons des ingérences des pays voisins, notamment de l’Iran, qui est un acteur de premier plan en Irak, le problème confessionnel et celui des milices, autant de dossiers qui ne peuvent être réglés par les armes, mais nécessitent un projet politique».
Le plan de réconciliation nationale présenté devant le Parlement propose notamment une amnistie aux détenus qui n’ont pas commis de crimes de sang. Et il exclut les auteurs d’actes terroristes et les fidèles du président déchu Saddam Hussein.
Plus de 130.000 Irakiens déplacés à cause de la violence
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