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Israël : Le temps des ambitions personnelles

© D.R

Certains groupes armés sont, apparemment, manipulés contre le Président Arafat, à travers les services de sécurité, dont les chefs sont critiqués. La situation est loin d’être stabilisée, mais l’Autorité palestinienne, avec le Premier ministre Ahmed Qoreï (Abou Ala) semble mieux installée que prévue. Malgré des protestations armées et une véritable révolte populaire contre la corruption, notamment, des « généraux » commandant la sécurité, le Président Arafat, – que l’on parle ou non de sa succession -, restera au poste de contrôle. Car, dans un avenir le plus proche, un Etat palestinien provisoire pourra être créé à Gaza. Il ne sera définitif, que grâce à l’unité territoriale apportée par la Cisjordanie, l’arrêt de la Cour internationale de justice de la Haye, mais aussi, probablement, une réaction des Nations unies après le rapport de Teny Larsen, que les Palestiniens semblent avoir, déjà, entendu…
La même cause du désengagement de toutes les colonies et de toutes les positions militaires de la Bande de Gaza, sans arriver jusqu’à l’anarchie, a créé une incertitude dans la composition du nouveau gouvernement de Sharon. Aujourd’hui, on parle d’une menace de Shimon Peres de faire éclater la négociation, si la formule, comprenant le Shinouï, est écartée par les manipulateurs de la droite du Likoud en faveur des seuls religieux. Le Shinouï de Tomy Lapid va jusqu’à parler d’une opposition, au sein du Likoud, à un gouvernement d’«union laïque, sous le prétexte du refus d’un cabinet ashkénaze », selon Abraham Poraz, ministre de l’Intérieur. En effet, Sharon, Peres, Lapid renforcés par Yahadout Hatorah, constituent une belle collection d’ashkénazes…
Dans la réalité, la négociation est bloquée par Benyamin Netanyahou, ministre des Finances et Sylvain Shalom, ministre des Affaires étrangères. Ils défendent chacun son poste personnel, contre les exigences des Travaillistes. Netanyahou, comme à l’habitude, utilise, dans sa manoeuvre, l’assistance d’un Sylvain Shalom que l’on appelle, aujourd’hui, le ministre « hors des Affaires » … Ses amis refusent son éloge funèbre et insistent en proclamant ses talents d’un « génie politique ». Celui qui refuse tout autre poste en dehors du siège qu’il occupe depuis deux ans, y compris celui de Premier ministre-adjoint, que Sharon lui aurait proposé…
Les adversaires répondent que la capacité de nuisance de Shalom est sans mesure. Il n’a jamais parlé dans une réunion parlementaire, mais cette semaine, il a critiqué le projet de gouvernement d’«union laïque, Likoud, Shinouï, Travailliste ». En déclarant : « Il est impossible de tourner le dos à nos électeurs. Nous risquons de former, ainsi, un gouvernement de gauche. Qui votera alors pour nous aux prochaines élections ? Nous serions, à nouveau, réduits à vingt mandats (au lieu de quarante). Pourquoi accepter le vote du Shinouï contre les Harédim (ultra-orthodoxes) ? », a-t-il demandé à son patron, Sharon, habituellement ennemi des harédim.
Sylvain Shalom, selon l’analyste du quotidien Haaretz, Yossi Verter, masque sa révolte personnelle et sa prétention à croire : « ils connaissent bien mes talents politiques. Car pour moi, ou les Affaires étrangères ou rien ».
Dans cet excès, Sharon n’est pas perdu, il réunit des journalistes pour affirmer « il n’y aura pas d’exclusion.
Le Shinouï est un excellent partenaire, mais il y a un problème: le gouvernement ne dispose plus de la majorité… Et le poste des Affaires étrangères reviendra à celui qui saura le mieux l’exercer… » Sharon félicite encore Shimon Peres qui a toujours refusé tout rejet contre un autre parti… contrairement à Tomy Lapid qui refuse les Haredim et les amis de Shalom qui refusent les Travaillistes.
Après les exagérations personnelles de Sylvain Shalom qui devient l’allié de Benyamin Netanyahou, – ennemi et concurrent de son ami intime, Sharon, auquel il doit tout -, c’est au tour de Tomy Lapid de défendre sa position personnelle contre les intérêts généraux, voire ceux de son parti. Il sort de ses gonds « comme une fusée ayant perdu sa trajectoire » (Yossi Verter). On voit un Tomy Lapid, après une cour empressée d’un an et demi auprès de Shimon Peres, lui, tomber à présent sur le dos, à bras raccourcis. Il l’accuse même de préparer un « coup fourré». Tomy Lapid, selon Yossi Verter, va jusqu’à menacer Shimon Peres d’enterrer le parti travailliste aux prochaines élections. Il apostrophe Dalia Itsik, chef du groupe parlementaire travailliste « Si vous entrez à notre place au gouvernement, je taillerai en pièces les travaillistes ».
Les élèves de Sharon, ses amis politiques ou ses partenaires du gouvernement ont enfin compris qu’Ariel Sharon ne mène pas de roman d’amour, ni dans l’armée, ni en politique. Il l’a déjà démontré, pense Lapid, en rejetant son ami David Lévy en dehors du gouvernement.
Il a claqué la porte au Mafdal (parti national religieux). Qui va-t-il choisir, les travaillistes, le Shinouï, ou alors, les Haredim du Shass et de Yahadout Hatorah ? Que veut Sharon, où veut-il en venir ? Ce sont toutes les questions que les députés ont posées aux ministres pendant toute la semaine passée.
Pour les observateurs, l’option du gouvernement, à venir, ne peut être qu’une union – Likoud, Shinouï, Travaillistes -. Elle a la préférence de Sharon, mais peu de chances devant l’opposition fanatique au sein du Likoud dont l’apport tomberait à bien moins de trente députés sur quarante. D’où la nécessité de faire appel officiellement au Yahadout Hatorah (5 députés), voire même au Shass (11 députés) que Sharon rencontrera cette semaine. Mais encore une fois, l’arrivée des Haredim amènera, obligatoirement le Shinouï à partir (15 députés).
Restera alors, la possibilité de nouvelles élections, avec tous ses risques connus. On peut à nouveau, s’interroger : Sharon sera-t-il réélu à la tête de son parti Likoud, avec son programme de désengagement de Gaza et des colonies ? Battra-t-il aux primaires du Likoud, Netanyahou ? D’autant qu’il y aurait une menace, selon laquelle Netanyahou réussirait à réunir autour de lui une liste de 61 députés de la Knesset actuelle. Il pourrait alors, demander, légalement au président de l’Etat d’Israël, de le charger de former un nouveau gouvernement, sans devoir aller à de nouvelles élections.
Ce risque n’est pas évident, même s’il a, déjà, été énoncé par Netanyahou. Il prétend disposer de 30 députés de droite et des partis religieux. Il lui suffirait de convaincre 31 députés sur 40 du Likoud. Ce qui est moins acquis…
Du côté travailliste, la chanson est toute différente. Un des dirigeants en attente, Haïm Ramon successeur probablement choisi de Shimon Peres, déclare que la formation du gouvernement laïc d’union constituera « un véritable tremblement de terre ». Le parti travailliste ne sera plus le même, « il deviendra une branche du Likoud, dit Ramon, un second élément du futur parti du Centre ». D’un autre côté, le président de la Knesset – un homme du Herout de Menahem Begin -, devant un parti du Likoud qui, lui aussi, ne sera plus le même, dit « Nous sommes dans une situation ridicule.
Un groupe est en faveur du désengagement. Un autre contre et d’autres groupes ni pour ni contre. Il faut savoir qui nous sommes. Sans les Travaillistes nous n’aurons plus de gouvernement. Et sous quel drapeau irions-nous aux élections ? »
Netanyahou qui n’a trouvé qu’une alliance avec un Sylvain Shalom très triste, se défend contre les revendications économiques des Travaillistes. Ceux-ci ne réclament pas le ministère des Finances, mais un changement de fond de sa politique sur le plan social. C’est pourquoi Netanyahou s’interroge, également : se retirer ne serait-ce pas faire le jeu de Shimon Peres et de Amir Perets, secrétaire général du syndicat Histadrout ? Rester, ne serait-ce pas devenir une paillasse? Entre-temps, Netanyahou, rappelons-le encore, maintient des liens avec son ancien adversaire Sylvain Shalom. Mais, affirme Yossi Verter, ce dernier « sait bien que s’il était contraint de quitter son poste des Affaires étrangères, il lui exprimerait sa sympathie, et pas plus»…
Avec une bande de politiques sans vergogne, du Likoud et du Shinouï, tout est donc possible pour l’avenir.
A la condition que Shimon Peres défende sa politique de se servir de l’apport des voix des Haredim, avant tout, pour arriver à une véritable négociation avec les Palestiniens conduits par le Président Yasser Arafat et le Premier ministre Abou Ala avec lequels il a toujours maintenu des relations personnelles et directes…

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