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Jack Lang, l’homme qui a sauvé le soldat Sarkozy

La grand suspense fut au rendez-vous et l’issue aussi spectaculaire que les effets de manches qui ont stigmatisé ou tressé des lauriers à la réforme des institutions que le Congrès vient de voter à l’arraché. Si au lendemain de ce vote historique la presse française en était encore à démêler les victorieux des perdants, un homme accapare les regards les plus curieux et les réflexions les plus insinuantes. C’est Jack Lang, l’homme qui est entré dans l’histoire pour avoir été le plus célèbre ministre de la Culture de François Mitterrand et dont la popularité et la crédibilité ambitionnaient d’égaler celle d’André Malraux.
Jack Lang vient de rentrer dans une autre histoire en devenant le seul socialiste à avoir publiquement voté la réforme des institutions proposée par Nicolas Sarkozy. La performance devient décisive quand on sait que ce texte avait été adopté à la majorité qualifiée des 3/5 plus une voix. Celle sans aucun doute de Jack Lang.
Il a suffi de ce constat pour que l’amertume des socialistes, déçus de ne pas avoir provoqué le grand croc-en-jambe à l’hyper-président Nicolas Sarkozy, se focalise sur lui. Sentant la pression monter, l’ancien ministre de la Culture de François Mitterrand et membre de la commission Balladur chargée de rédiger l’avant-projet de la réforme tente de bâtir une défense en béton. Dans un communiqué lu les trémolos dans la voix, Jack Lang devance les procès en trahison que ses camarades s’apprêtent à lui dresser : «La réforme des institutions (…) renforcera les droits du Parlement, des citoyens, et de l’opposition. Dire le contraire serait une négation de la vérité (…) Je demeure plus que jamais un opposant déterminé à la politique de régression sociale du gouvernement. De toutes mes forces, je continuerai à me battre, sur tous les fronts, pour faire obstacle aux projet dangereux et néfastes de cette majorité».
Jack Lang ne s’est pas trompé. Il fut l’objet d’attaques violentes, d’invites au lynchage politique et la sanction immédiate. Le président du groupe socialiste à l’Assemblée, Jean-Marc Ayrault, prédit une longue souffrance à Jack Lang : «Il y a une rupture qui vient de se produire. Je suis triste pour lui, triste pour tout ce qu’il a fait mais c’est son choix, ce choix de partir sur un chemin tout seul vers d’autres horizons. Quand il se retournera, peut-être qu’il se retrouvera seul». Quand à Ségolène Royal, elle ironise avec de grosses œillades : «Comme disait François Mitterrand, sur le chemin de la trahison, il n’y a que le fleuve de la honte à traverser». «Je crois, affirme François Rebsamen, bras-droit du premier secrétaire, que la sanction la plus efficace ne serait pas l’exclusion mais l’interdiction de se présenter à nouveau comme candidat au nom du PS».
Au Congrès de Versailles , Jack Lang, 68 ans, membre du PS depuis 1977, n’était pas à son premier écart de l’orthodoxie socialiste de la rue Solferino. Son entrée au comité Balladur s’était déjà accompagnée par une prise de distance à l’égard du groupe parlementaire de l’Assemblée nationale et des instances internes du parti. Lors de la visite de Bachar Al Assad à Paris, il a eu l’occasion de se démarquer bruyamment de la ligne du PS en applaudissant les égards de l’Elysée à l’égard de Bachar Al Assad.
Depuis l’élection de Nicolas Sarkozy, Jack Lang s’est toujours mis au rang des personnalités susceptibles d’accepter le jeu de l’ouverture politique proposée par le nouveau président de la république à l’instar de Bernard Kouchner ou de Jean-Pierre Jouyet, tous deux sévissent au Quai d’Orsay, l’un aux affaires étrangères, l’autre aux Affaires européennes.
A chaque remaniement du gouvernement de François Fillon, le nom de Jack Lang ressortait comme une évidence. On annonçait même un grand retour dans un gigantesque ministère de la Culture. L’homme se préparait visiblement à jouer les fusibles d’ouverture à la Sarkozy. Maintenant que sur un plan symbolique et arithmétique, la voix de Jack Lang a pesé de tout son poids dans la balance, sa valeur politique n’en devient que plus grande. Nicolas Sarkozy qui annonce un grand remaniement à mi-mandat ne restera pas insensible au destin d’un homme qui a abandonné sa famille politique pour sauver une réforme au risque de subir le destin peu enviable des pestiférés.

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