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La CNN à la française suscite de nombreux remous

Qui aurait cru que l’audiovisuel extérieur français, «un machin»  traditionnellement éloigné des préoccupation hexagonales et qui avait pris l’habitude de voir ses problèmes réglés dans l’atmosphère feutrée des cabinets ministériels, susciterait autant de passions et provoquerait autant d’étincelles ? C’est le cas aujourd’hui avec la nomination surprise  du publicitaire Alain de Pouzilhac secondé par la journaliste Christine Ockrent à la tête de la nouvelle entité voulue par le président Nicolas Sarkozy baptisée «France Monde» destinée à chapeauter et à fédérer les moyens de sociétés de presse comme TV5 Monde, Radio France Internationale et France 24. L’annonce de ce ticket a été accueillie par une levée de boucliers prometteuse de nombreuses tensions à venir. Le premier barrage de tir avait visé la journaliste Christine Ockrent qui se trouve être l’épouse du ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner. Ce qui aggravait davantage les polémiques c’est que Christine Ockrent sortait à peine d’un scandale médiatique de ses collaborations de luxe avec la chaîne « France 24 » (120 000 euros annuels pour deux billets hebdomadaires) et des ménages juteux  avec des patrons d’entreprises du Cac 40. Ella avait par ailleurs défrayé la chronique politique en rejoignant, avec son époux, Bernard Kouchner, le couple Nicolas Sarkozy-Carla Bruni lors de leur escapade amoureuse égyptienne.
Les contestataire du choix de Christine Ockrent mettent en avant «le conflit d’intérêt» qui découle de son statut d’épouse du ministre des affaires étrangères censé exercer une tutelle sur l’audiovisuel extérieur français.  La riposte de Christine Ockrent ne s’est pas fait attendre. Elle a  trouvé ses attaques «injustes» et jugé «humiliant» le fait «d’être  périodiquement ramenée à ce statut de «femme de» (…) J’attends le moment où on dira «l’homme de»  et où on demandera à «l’homme de» de scarifier son identité, ses compétences, son parcours pour faire des bouquets de fleurs».
L’Elysée a volé au secours de Christine Ockrent et justifié son choix comme l’a dit le porte-parole David Martinon : «Le sentiment du président,  c’est qu’il n’y a aucune raison de se priver du talent, de la compétence et de l’expérience de Mme Ockrent, à la fois en termes d’information et de télévision (…) Sa carrière, sa personnalité ne sont pas réductibles à la fonction exercée par son mari». Autre annonce de taille susceptible de calmer les inquiétudes, celle qui consiste à faire dépendre de  « France Monde » de Matignon plutôt que du ministère des affaires étrangères.
L’autre « conflit d’intérêt » a été accroché par l’intersyndical de RFI et de TV5 à la nomination d’ Alain de Pouzilhac puisqu’il dirige France 24  au moment de son choix.
Il est donc accusé d’être juge et partie pour les différents choix à élaborer. Ce regroupement de mécontents et d’inquiets avait demandé de rencontrer en urgence le président Nicolas Sarkozy pour dénoncer ce choix comme le dit un de leurs porte-parole : «Nous voulons des explications sur la nominations de M. De Pouzilhac qui nous semble attaquable en justice, y compris devant le conseil d’Etat, car il y a un conflit d’intérêt. Nous sommes prêts à engager les procédures juridiques nécessaires».
Ces nominations à la tête de « France Monde » ont eu le don de provoquer l’ire des partenaires francophones de TV5 déjà réticents au projet de Nicolas Sarkozy comme le Canada qui proteste avec vigueur : «Cette annonce par la France, en pleine période de réflexion avec les partenaires, nous surprend, car une efficacité accrue de TV5 Monde n’est pas nécessairement tributaire de son appartenance à la holding France Monde». Les autres pays francophones, comme la Belgique et la Suisse, avaient, à plusieurs reprises, menacé de se retirer de TV5 si la France persistait à l’intégrer dans une architecture franco-française et donc à dicter exclusivement sa ligne éditoriale. Alors que Nicolas Sarkozy est déjà en butte à de violentes remises en cause après sa décision de supprimer la publicité sur les télévisions du service public, le voilà qui affronte aujourd’hui le puzzle de l’audiovisuel extérieur français. Tâche d’autant plus difficile pour quelqu’un qui avait déclaré en grande pompe ne pas être  «disposé à diffuser une chaîne qui ne parle pas Français», avec «l’argent du contribuable».

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