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La gauche accule Nicolas Sarkozy à changer de cap

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Personne n’aurait cru un instant que les chefs symboliques de la majorité présidentielle allaient défiler sur les plateaux de télévisons ou sur les ondes des radios pour se livrer à un exercice d’auto-flagellation. La culture maison est rarement  à l’humilité et à la reconnaissance des défaites mais plutôt à la revendication des victoires et à l’exhibition des torses. La stratégie de l’Elysée pour absorber le choc du second tour de ces municipales était basée sur deux arguments : célébrer le taux de participation extrêmement faible pour amoindrir le halo du triomphe de la gauche et parler incessamment de rééquilibrage pour lui dénier les fruits d’un vraie conquête du pouvoir local.
Mais cette tactique fut inapte à camoufler ce qui, statiquement, est apparu au grand jour : Une déferlante rose sur la carte municipale, une bérézina pour la droite, un vote sanction pour Nicolas Sarkozy. Ce contre quoi l’Elysée a mobilisé toute son énergie pour le faire disparaître est devenu si évident à l’œil nu que plus personne ne se pose la question : le résultat de ses municipales  touche de plein fouet et la personne du président de la république et les choix politiques de son gouvernement. 
Reconnaître une telle réalité équivaut à s’imposer de douloureuses remises en cause. Officiellement, Nicolas Sarkozy, droit dans ses costumes Prada, ne changera pas de politique. Son Premier ministre, François Fillon, s’est encore une fois chargé d’en fournir l’argumentaire : « La politique de la France, les électeurs l’ont majoritairement choisie à l’occasion des élections présidentielles et des élections législatives». Comme s’y est engagé le président de la République, nous allons poursuivre cette politique parce qu’il faut de la ténacité pour réformer notre pays et parce que le respect de la démocratie exige le respect des engagements pris».
Nicolas Sarkozy peut-il réellement faire comme si les municipales n’ont jamais eu lieu et se contenter de la seule réponse de l’ajustement ministériel qui se profile à l’horizon ? Les voix qui le poussent à changer de cap ne se trouvent pas exclusivement dans le camp de la gauche et de l’extrême gauche, impatients de la voir reconnaître ses erreurs et prendre une revanche tardive sur la présidentielle. Une certaine lucidité opportuniste vient de sa propre famille politique. Jean-Pierre Raffarin, l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac, si prompt à faire jouer son violon de courtisan mais qui ne cache pas son ambition de prendre la contrôle de l’UMP, laisse transparaître sa mauvaise humeur : «Nous devons infléchir un certain nombre d’axes de notre politique (…) le gouvernement doit corriger le tir sur un certain nombre de points (..) Je crois qu’on parle trop des réformes et pas assez des progrès (…) Il faut parler des résultats (…) Je crois qu’il y a une certain nombre de sujets sur lesquels il faut modifier le discours gouvernemental».
Cette charge violente de la bouche d’un membre de la majorité présidentielle est loin d’être orpheline. Un autre poids lourd de cette majorité, le secrétaire général de l’UMP, Patrick Devedjian, menacé de faire les frais de cette défaite et de jouer les fusibles bon marché, prend la communication présidentielle à contre-courant : «j’ai été un des rares à dire dans mon camp qu’il y avait des considérations locales et nationales (..) Dans nos défaites, il y a des considérations locales évidentes (..) puis il y a aussi des considérations nationales, qui sont l’impatience du corps électoral à voir arriver les bénéfices des réformes». De son côté, un autre mécontent de la majorité présidentielle, Jean-François Copé, président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, ne peut s’empêcher, même quand sa mission officielle est de défendre le président de la république, de semer son grain de mauvaise humeur : «Une défaite neuf mois après une présidentielle c’est aussi la conjugaison des impatients et des mécontents».
Nicolas Sarkozy semble acculer à opérer un grand tournant dans sa stratégie. Dans une ultime provocation de vainqueur, le premier secrétaire du Parti socialiste, François Hollande, lance cette phrase non dénuée de panache : «Je n’attends qu’un seul remaniement qui est le remaniement du comportement du président de la République et le remaniement de sa politique». les toutes prochaines décisions de Nicolas Sarkozy diront s’il a été entendu.  

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