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La séquestration des patrons fait polémique

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Les Français sont en train de se distinguer par un nouveau trait de caractère, ou plutôt en temps de crise, par un nouveau style de comportement: la séquestration des patrons qui licencient en masse ou qui délocalisent en catimini. Le comportement est tellement original que la presse anglo-saxonne lui a déjà trouvé un nom à sa mesure «Le Bossnapping», en référence au kidnapping. Au rythme où vont les choses, le «Bossnapping» sera bientôt un signe distinctif typiquement français. Il ne se passe donc pas une semaine sans que des ouvriers en colère ne se jettent dans un acte de désespoir sur leurs patrons pour essayer d’obtenir l’abandon d’un plan social ou le maintien d’un site de production. Au début de ce phénomène, la tendance générale était de l’apprécier comme un fait divers, un acte isolé sans grande importance que celle d’exprimer une montée d’adrénaline éphémère. Mais sa multiplication régulière a poussé le monde politique à s’exprimer sur le sujet.
La première à avoir lancé le débat fut Ségolène Royal avec ses propos sur les salariés qui «doivent forcer le barrage de l’injustice absolue». L’ensemble du Parti socialiste s’est engouffré à sa poursuite. Le patron du Modem, François Bayrou, n’a pas dit autre chose lorsqu’il avait affirmé que «toute violence doit être condamnée (…) mais il faut mesurer ce que cela révèle du climat social dans notre pays, d’inquiétude, de colère et souvent de sentiment d’injustice». Si les opposants à Nicolas Sarkozy ont donné l’impression de comprendre ces nouveaux comportements ,fait de violence sociale, un des puissants responsables syndicaux, le secrétaire général de la CGT, n’a pas peur de l’ériger en méthode d’expression : «Force est de constater qu’il faut parfois avoir recours à des initiatives spectaculaires pour qu’on entende parler de soi». Pendant longtemps, Nicolas Sarkozy n’a pas commenté ce débat. Il semble avoir plutôt chargé ses porte-parole à l’UMP, Xavier Bertrand et Fréderic Lefebvre pour pointer la bienveillance de la gauche avec ceux qui jouent aux pyromanes sociaux et jettent l’huile sur le feu de la crise. Pendant de nombreuses émissions, la stratégie de l’UMP a été de criminaliser l’approche de la gauche en mettant ses leaders au même niveau que n’importe quel agitateur social, irresponsable par nature.
Mais ne pouvant rester à l’écart d’un tel débat, Nicolas Sarkozy s’est enfin exprimé : «il y a des comportements d’un certain nombre de patrons qui sont inadmissibles mais l’immense majorité des chefs d’entreprise souffre de la crise et se comporte formidablement bien (…) qu’est-ce que c’est que cette histoire d’aller séquestrer les gens (…) On est dans un Etat de droit. Je ne laisserai pas faire les choses comme ça». Nicolas Sarkozy répondait directement à une inquiétude plus grande exprimée par des organisation patronales comme le Medef, la CGPME et l’UPA qui dans un communiqué commun, affirment : «quelle que soit la gravité des situations rencontrées, il ne peut pas être accepté que l’on déroge à la loi».
Le Premier ministre François Fillon, qui lui aussi se cantonnait dans un prudent silence, est sorti de sa réserve sur le sujet pour appeler à l’unité nationale : «face à une extrême gauche qui souffle sur les braises de l’affrontement sociale» avec à la clef cet appel révélateur : «face aux socialistes qui tentent de dévitaliser notre victoire de 2007, nous devons faire bloc autour du président de la République».
La séquestration des patrons est un sujet extrêmement sensible. Gouvernement et opposition s’échangent des accusations d’une gravité inédite sur fond de crise sociale. Le premier, pour discréditer la seconde, l’accuse de courir derrière les idées de l’extrême gauche animées par Olivier Besancenot, tandis que l’opposition exploite ces faits pour dire toute l’impuissance et l’incompétence de l’exécutif et des solutions qu’ils proposent pour sortir de l’impasse. A mesure que les échéances électorales approchent, le discours n’en devient que plus radical.

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