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La transparence positionne un pays comme ouvert et accessible

© D.R

Née en 1982 à Paris, Sihame Arbib  fera ses débuts dans le département du ministère français de la Défense. Son expertise pointue dans la Communication la mène à représenter activement le cabinet Victory Consulting où elle est directrice associée depuis 2012. Avec le Maroc, les relations de collaboration sont étroites… Entretien exclusif avec une jeune politicienne engagée.

ALM : Vous êtes née en France et vous avez investi la politique française très jeune, pouvez-vous nous rappeler les faits marquants de votre trajectoire ?
 

Sihame Arbib : Je suis effectivement ce qu’on peut appeler une «bi nat», une franco-marocaine ayant vu le jour en France, représentant la troisième génération de ma famille.
Mon engagement politique s’est fait à travers mes engagements associatifs à 15 ans. Grâce a mes parents j’ai pu baigner dans un environnement de partage et d’engagement dans le secteur associatif et c’est tout naturellement que j’ai suivi ce chemin.

Pour ma part, l’engagement politique est avant tout un engagement auprès d’acteurs de terrain et c’est dans ce cadre que j’ai été approchée par des politiques de gauche comme de droite. Jusqu’ à mes 25 ans, j’ai côtoyé des personnalités de tout bord politique pour faire avancer mes idées et surtout mes projets pour ensuite me positionner comme appartenant à la famille des gaullistes. J ai eu le plaisir de côtoyer des femmes et des hommes politiques qui ont cru en moi comme Michèle Alliot Marie, Dominique de Villepin, Philippe Douste-Blazy mais aussi à gauche Élisabeth Guigou, Gilbert Roger….

Spécialisée en relations internationales, vous avez choisi l’option conflit et sécurité ; ce qui vous positionne d’entrée dans le domaine de la défense d’une nation. Quelles sont vos expertises dans ce domaine et vos réalisations sur le terrain ?

J’ai toujours eu une fascination pour les affaires étrangères, d ailleurs au moment du choix de ma filière je pensais devenir diplomate mais j’ai décidé de garder mon indépendance après un passage au ministère de la défense.
Le secteur de la défense est un secteur intéressant puisque nous avons un mapping très large sur ce qui se passe sur le volet politique, économique et social.
Il y a des lectures qui diffèrent et/ou sont complémentaires de la diplomatie.
En période de troubles, comme en ce moment, nous avons une nécessité d’avoir une lecture de ce qui se passe réellement sur le terrain, des cartographies, des référents terrain et des projections. C’est ce que je fais dans le cadre de mes activités professionnelles, prévenir des conflits et surtout travailler sur des coopérations institutionnelles.

Marocaine, née à Paris, vous avez voulu rejoindre à un moment de votre carrière le cabinet au Maroc du ministre délégué aux affaires étrangères, chargé des Marocains résidant à l’étranger. Quelle évaluation faites-vous de cette expérience, vous qui avez toujours opéré pour la France ?

Ce fut une expérience enrichissante mais compliquée. Nous avons l’impression de connaître le Maroc de par nos origines mais il n’en est rien. Les façons de travailler, de raisonner sont assez différentes. Après ce passage au Maroc où j’ai eu le plaisir de côtoyer des personnes intéressantes avec lesquelles je suis toujours en contact, j’ai compris qu’il était plus simple et sain pour moi de travailler avec le Maroc à partir de Paris, New York ou autre.

Après cette première collaboration avec le pays de mon cœur, j’ai eu du plaisir à faire beaucoup de choses avec le Maroc tel que membre du comité de pilotage de l’université internationale de Rabat, les dîners républicains France-Maroc, le lancement de coopérations décentralisées, la participation à des séminaires…

Quelles sont les recommandations qui en découleraient éventuellement ?

Pour ce qui est du ministère des MRE, je conseillerais un suivi de feuille de route et non une nouvelle stratégie à chaque changement de ministre.
Une coordination entre chaque organisation en charge de ce dossier afin de mutualiser les compétences est également fortement recommandée.
Si j ai un conseil à formuler, c’est de penser aux MRE de la 2ème 3ème voie 4ème génération qui décident de tenter l’expérience marocaine. J’ai essayé mais c’est difficile car ces populations ne disposent pas aujourd’hui de repères. Et c’est dommage car ils sont bien plus nombreux qu’en  2004 et ils représentent une richesse…

Experte MENA pour la Commission européenne, consultante politique pour l’OMS et du secrétaire général adjoint aux Nations Unies, Philippe Douste-Blazy, vous avez développé un savoir-faire également en matière de lobbyisme. Quelle est votre expérience dans ce domaine précisément?

J’ai eu plusieurs vies en effet. J’ai pu collaborer avec plusieurs organisations internationales et quelques personnalités.
Pour ce qui est du lobby,  le terme est plutôt péjoratif en France. Je dirais plus que je fais de l’influence sur des dossiers qui me tiennent à cœur. Je suis en quelque sorte l’avocate de mes clients et je plaide auprès de décideurs pouvant faire avancer les dossiers.

Intervenez-vous toujours dans ce domaine?

Oui mais je le fais à travers Victory Consulting, cette structure me permet de réunir tout mon savoir-faire avec mes associés et collaborateurs.

J’ai une expertise de la région MENA, Afrique de l’Ouest mais également sur les coopérations régionales. J’espère d’ailleurs un jour pouvoir participer à la relance concrète de la région maghrébine qui malheureusement est au point mort.

Les relations entre le Maroc et la France ne sont pas au beau fixe en ce moment. Quelles sont à votre avis les raisons de cette situation?

Je suis franco-marocaine et cette situation me désole. Je tente à mon petit  niveau de réchauffer l’atmosphère mais il est important d’avoir la volonté de le faire des deux côtés. Ces deux pays ont plus à perdre qu’à gagner en restant ainsi que ce soit au niveau économique que sur le plan humain… J’espère que cette page sera tournée très prochainement.

Comment l’ingrédient «communication» peut-il résoudre de «tels passages à vide» entre deux nations de manière générale ?

La communication peut permettre de clarifier les choses avant tout. Ensuite, elle permet de mettre en avant ce que nous avons bâti ensemble. Comme je le disais,  ces deux pays ont plus à perdre qu’à gagner a travers le million de franco marocains qui appartiennent pleinement à ces deux pays et qui ne peuvent se résigner à choisir…

Au Maroc, la stratégie de communication sur l’image paraît se confiner encore dans les dédales d’une administration encore trop lourde. Qu’en pensez-vous ?

Il y a différentes formes de communication mais il est vrai qu’il y a un travail à faire en profondeur pour vulgariser l’accessibilité à l’information.  Je constate souvent que les Marocains  ne sont pas au courant des nouvelles lois et que les rumeurs prennent beaucoup de place par défaut de communication.

Selon vous, quels sont les secrets d’une stratégie de com’ gagnante pour le Maroc pour qu’il puisse mieux se vendre auprès de ses partenaires «PAYS», notamment l’Union européenne ?

Le travail de transparence est très important. Vu d’ici, le Maroc avance et devient un leader africain incontesté mais il est clair aussi qu’il n’y a pas d’organigramme clair de qui fait quoi…La transparence positionne un pays comme ouvert et accessible. Le flou encourage la retenue, notamment pour des investisseurs. Les dossiers les plus importants pour les partenaires du Maroc et les Marocains eux-mêmes sont la Justice qui malheureusement fait assez peur aux investisseurs étrangers… Une vraie réforme de la justice est attendue pour gagner en puissance. Une communication sans réforme approfondie est passable pour un temps mais pas pour longtemps…

Les fondamentaux de la com’ ne se réinventent pas. En tant que politicienne, quelles sont les qualités intrinsèques d’un communicateur à ce type d’échelle ?

Comme j’ai pu le dire pour bien communiquer, il faut surtout des actions pour illustrer ses dires et sa communication. Il y a un déficit auprès des politiques parce qu’ils se posent comme opposition et non pas comme force de propositions.
Les qualités d’un homme ou d’une femme politique se résument en leur capacité à se réunir autour d’un projet avec des exemples de réussites.

Le réseautage représente un élément essentiel dans le domaine de la communication. Vous concernant, vous avez pu intégrer le Club de Rome où chefs d’Etat, grands patrons et membres permanents du Conseil eeuropéen siègent. Parlerz-nous de cette organisation et des avantages qu’elle procure…

Il est toujours important de développer ses réseaux. J’ai eu la chance à travers Sciences Po de côtoyer des personnalités du monde entier. Le Club de Rome est en effet un Club prestigieux que j’ai intégré lors de mes missions de conseil à Bruxelles afin de mieux comprendre l’environnement dans lequel j’évoluais.

Et c’est le cas avec d’autres fondations et clubs à travers le monde. L’intérêt d’intégrer ces réseaux est surtout d’être à jour de ce qui se passe et de savoir comment les situations peuvent évoluer.

Vous-avez fondé un mouvement politique français. Peut on savoir lequel et quel est votre projet de développement à ce niveau ?

J’ai eu l’occasion de collaborer avec Dominique de Villepin alors Premier ministre et je suis restée en contact avec lui, ne retrouvant pas le gaullisme au sein de l’UMP.

J’ai décidé, à cet effet, de rejoindre Dominique de Villepin afin de créer République Solidaire, une formation politique gaulliste élaborant un projet politique pour les élections présidentielles de 2012, répondant aux défis post-crise financière. Une aventure qui m’a permis d’évaluer les économies de différents pays à travers le monde afin de positionner la France comme terre d’innovation.
 

Biographie

Depuis 2012, Sihame Arbib est en charge de la practice Advisory & Conseil Stratégique, Communication Institutionnelle et Relations Publiques de Victory Consulting.

Sihame Arbib a étudié à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris où elle s’est spécialisée en relations internationales, mention «conflit et sécurité».

Elle intègre par la suite le ministère français de la défense en tant que chargée de Mission auprès du ministre de la défense au département «direction de l’Information et de la communication défense «spécialisation Middle East» (DICOD).

Elle rejoint par la suite le cabinet du ministre délégué aux affaires étrangères chargé des Marocains résidants à l’étranger à Rabat. Experte MENA pour la Commission Européenne, elle devient consultante politique auprès de l’OMS et de Philippe Douste-Blazy, secrétaire général adjoint aux Nations Unies. Son expertise pointue en matière de communication stratégique et son réseau international lui ont permis d’intégrer «le Club de Rome».

Sihame Arbib était chargée de la communication politique de Dominique de Villepin et fondatrice d’un mouvement politique français.

 

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