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Le stress serait la principale cause de la fusillade meurtrière

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Michael Kern, jeune militaire résidant à Fort Hood (Texas, sud), a vu et commis l’indicible en Irak. Pour ce soldat traumatisé, rien d’étonnant à ce que l’un des psychiatres militaires chargés d’écouter les horreurs de la guerre ait pu «péter les plombs». Suivi par une équipe médicale pour syndrome post-traumatique et traumatisme cérébral, ce soldat de 22 ans, originaire de Californie, a croisé à plusieurs reprises le tireur responsable de la mort de 13 personnes, jeudi à Fort Hood. Psychiatre militaire, Nadil Malik Hasan, 39 ans, «travaillait à la clinique où je suis suivi, qui s’occupe des gens traumatisés souhaitant quitter l’armée», explique à l’AFP le jeune homme, l’avant-bras barré d’un tatouage proclamant «Humain» en lettres capitales. «Ce n’était pas mon médecin mais il était tout le temps dans le bâtiment. Je le croisais une fois par semaine. Il avait l’air d’un gars normal, respectable», juge-t-il. «Il parlait aux soldats qui étaient au combat, ont perdu des amis, comme moi». Michael, militant au sein d’une association d’anciens combattants contre la guerre en Irak, a ramené du front un fait d’arme tragique qui le hante jour et nuit. «J’ai tué un enfant en Irak. Je lui ai tiré dessus. Je n’étais pas dans un bon état d’esprit. Je me suis dit qu’il allait devenir terroriste. Je ne pourrai jamais me le pardonner», dit-il. «C’est ce genre d’histoire qui peut rendre fous les psychiatres. Ils entendent tellement d’histoires à rendre malade», affirme-t-il, en expliquant qu’il s’apprête à quitter l’uniforme pour des raisons de santé. «Je n’y retournerai jamais. Ces guerres sont bâties sur des mensonges».
Selon Michael, ce n’est pas un hasard si Nadil Malik Hasan a choisi comme cible le centre de la base où transitent les soldats en partance pour l’Irak ou l’Afghanistan. Il croit même savoir qu’«il ciblait des gens qui refusaient de le laisser quitter l’armée». Mais d’après le jeune soldat, cette version ne sera probablement pas celle retenue par les enquêteurs, qui restaient encore très prudents samedi sur les motifs de la fusillade. «Fort Hood et le FBI vont probablement jouer la carte de l’Islam», la religion du tireur. «Ils ne vont pas prendre en compte le fait que ce type était un bon soldat, formé dans un prestigieux hôpital militaire». Selon lui, l’armée américaine n’a aucun intérêt à mettre en avant le fait qu’il était traumatisé car «l’opinion publique poserait des questions», et «l’armée veut rester en guerre». Près d’un tiers des soldats envoyés en Irak ou en Afghanistan souffrent de syndrome post-traumatique, dont les symptômes les plus courants sont la perte de sommeil, les cauchemars ou le stress. L’an dernier, 128 soldats américains de l’armée de terre se sont donné la mort, un nombre record de suicides en bonne voie d’être dépassé cette année. Mais le stress peut aussi toucher les militaires non déployés, comme dans le cas du docteur Hasan, assure Michael : «Je connais des gens qui ont été relevé de leurs fonctions pour syndrome post-traumatique avant même d’avoir été en zone de combat». D’après le soldat, la fusillade de jeudi «est due à une explosion de stress. J’ai entendu dire par des gens fiables qu’il ne voulait pas partir sur le front. Il disait qu’il rembourserait ses études, il voulait quitter l’armée pour ne pas participer à la guerre». «Il faut être au bord du suicide pour se faire aider», conclut Michael, amer, avant de donner des conseils à un camarade sur les effets secondaires des anti-dépresseurs.

Daphné Benoit
(AFP)

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