"La situation a complètement changé. Nous sommes un pays nucléaire et nous parlons désormais aux autres pays à partir de la position d’un pays nucléaire", a déclaré M. Ahmadinejad, cité jeudi par l’agence officielle Irna.
"Nous ne négocions avec personne sur les droits de notre peuple et personne n’a le droit de reculer d’un iota sur la voie sur laquelle nous nous sommes engagés", a-t-il ajouté, en fixant ainsi la ligne officielle de la République islamique à ce sujet.
A son arrivée avant l’aube à Téhéran, M. ElBaradei a dit qu’il essaierait de "convaincre l’Iran de prendre des mesures permettant l’établissement de la confiance, incluant la suspension des activités d’enrichissement de l’uranium, jusqu’à ce que les questions en suspens (sur son programme nucléaire) soient clarifiées".
Le chef de l’AIEA a affiché son "espoir que le moment soit propice à des solutions politiques, par les négociations", en "espérant que les conditions seront créées pour que toutes les parties retournent aux discussions".
M. ElBaradei devait rencontrer d’abord le chef de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique Gholamreza Aghazadeh, puis le secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale Ali Larijani, négociateur en chef du dossier nucléaire iranien.
Il devait ensuite donner une conférence de presse dans l’après-midi, avant de quitter l’Iran.
La visite de M. ElBaradei a été précédée par l’annonce par l’Iran de la maîtrise de la technologie de l’enrichissement de l’uranium, contre la volonté du Conseil de sécurité de l’Onu et de l’AIEA qui ont demandé à la République islamique de suspendre ses activités nucléaires.
Le Conseil de sécurité a donné au 28 avril à l’Iran pour se plier aux demandes de l’AIEA, mais sans l’assortir d’une menace de sanctions. M.
ElBaradei devra rendre compte d’ici cette même date au Conseil de sécurité et à l’AIEA de l’application ou non par Téhéran de ses obligations.
Mais à en juger par les déclarations de M. Ahmadinejad, rien n’indique que Téhéran soit prêt à plier.
"Nos centrifugeuses (pour l’enrichissement d’uranium) sont de type P1 et l’étape suivante (consiste à utiliser) des centrifugeuses P2, dont la capacité est quatre fois supérieure et sur lesquelles nous menons actuellement des activités de recherche", a ajouté le président ultraconservateur.
L’Iran a annoncé mardi avoir enrichi, le 9 avril, de l’uranium à hauteur de 3,5%, à l’aide d’une cascade de 164 centrifugeuses. Il projette d’installer 3.000 centrifugeuses d’ici fin 2006.
L’annonce de Téhéran, qui proclame que ses activités nucléaires sont purement civiles, a déclenché une vague de réprobation internationale.
La Maison Blanche, qui soupçonne l’Iran de vouloir fabriquer l’arme atomique, a dénoncé l’"affront" infligé au Conseil de sécurité et à l’AIEA et ouvertement évoqué la possibilité de sanctions contre l’Iran, malgré les réticences russes et chinoises.
La secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice a appelé le Conseil de sécurité à l’action.