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L’UE tourne le dos à l’Espagne

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L’Europe a-t-elle tourné le dos à l’Espagne ? Dans son édition de vendredi dernier, la presse espagnole a été unanime à l’affirmer. Au point que Madrid s’est efforcée de réagir à la vague de critiques qu’elle avait essuyées de la part de plusieurs pays de l’UE, notamment l’Allemagne et la Finlande, à propos de sa politique d’immigration.
« L’Europe ne peut pas tourner le dos (à l’Espagne) car un travail commun est nécessaire pour limiter cette immigration désordonnée », a estimé vendredi le secrétaire d’Etat à l’Immigration Consuelo Rumi dans une déclaration à la radio Cadena Ser, citée par l’AFP. Jeudi dernier, lors de la réunion à Tempere (Finlande) des ministres de l’Intérieur et de la Justice de l’UE, l’Allemagne, la Finlande, l’Autriche et les Pays-Bas, avaient reproché à Madrid sa politique de régularisation de plus de 600.000 sans-papiers en 2005. Selon ces pays, cette initiative aurait provoqué « un appel d’air » migratoire aux Iles Canaries.
L’afflux des clandestins vers les Canaries s’est accru considérablement pendant l’été dernier, au point que le Premier ministre espagnol Luis Zapatero avait écourté ses vacances pour critiquer « le peu d’engagement de l’UE » dans la protection de sa frontière sud contre le flux migratoire en provenance des pays subsahariens. Un record de plus de 25.000 clandestins africains ont débarqué aux Iles Canaries depuis janvier.
Face à ce raz-de-marée, l’UE avait mis en place au mois de mai dernier une mission « Frontex » destinée à aider l’Espagne à juguler le flux des migrants subsahariens à partir des côtes de la Mauritanie et du Sénégal. Mais ce plan, prévoyant des patrouilles communes entre les pays de l’UE et les pays émetteurs de clandestins, n’a pas donné lieu à des résultats probants. Les arrivées sur les côtes des Canaries, au lieu de baisser, n’ont fait que croître, au grand désarroi de Madrid qui a de plus en plus le sentiment d’avoir été livré à lui-même face au déferlement des immigrants illégaux sur les côtes des Canaries.
L’interception, en 48 heures, entre lundi et mercredi dernier, sur la frontière Est de l’Espagne, d’une quarantaine d’embarcations en provenance de l’Algérie a alimenté les inquiétudes. Madrid redoutait l’ouverture d’un nouvel axe d’immigration sur l’axe « Algérie de l’Ouest/ Espagne de l’Est », sachant bien que c’était la première fois qu’un flux migratoire algérien débarquait sur les côtes de Murcie. Devant cette nouvelle donne, Madrid est montée au créneau pour demander « davantage de mobilisation » de la part de l’UE. Sauf que la réponse de l’UE, ou la majorité des 25 pays qui la composent, était contraire au souhait de l’Espagne. Devant la cascade de critiques exprimées par les pays sus-indiqués, la France entendait jouer les modérateurs. Vendredi dernier, le Premier ministre français Dominique de Villepin a réaffirmé la volonté de la France de créer, avec les pays européens qui le souhaitent, une police européenne des frontières pour aider à contenir l’afflux d’immigrants clandestins.
« Les événements récents montrent que nous n’avons pas fait assez », a-t-il fait remarquer.
« C’est pourquoi je propose de créer dès à présent, avec les pays qui le souhaitent, une police européenne des frontières ». Reste à savoir si ce souhait trouvera une « oreille attentive » au sein d’une union européenne de plus en plus divisée sur la question de l’immigration.

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