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Proche-Orient : Le «Mollah» Ismaël Haniyeh

Même si dans  son parcours personnel fait de modération raisonnée et de pragmatisme lucide, tout indique qu’il aurait pu mener une carrière sans relief d’un prêcheur  talentueux ou d’un fidèle serviteur sans éclats d’une grande cause, Ismaël Haniyeh est propulsé Premier ministre rebelle d’un gouvernement fantôme tombé en disgrâce régionale et internationale au point de recevoir l’onction extrême du président iranien Ahmadinejad et du numéro deux du réseau Al Qaida Ayman Al-Zawahiri.
La guerre fratricide entre le Hamas et le Fatah pour s’emparer des leviers de pouvoir à Gaza avait mis cet ancien recteur de l’université islamique de Gaza dans une nouvelle configuration de pouvoir extrême. Sa situation tranche avec les appels au dialogue et au modération dont il fut le chantre depuis que, par un concours de circonstances créées par la décision d’Israël de décimer la  direction du Hamas à travers sa fameuse politique d’assassinats ciblés, il se retrouva au sommet de la hiérarchie de sa propre famille à prôner la participation aux élections et la prise du pouvoir par les urnes.
Signataire de l’accord de La Mecque qui tenta en vain de relancer et de protéger l’unité nationale palestinienne, Ismaël Haniyeh verra son isolement hermétiquement verrouillé par le récent sommet de Charm-el-Cheikh qui conféra à son challenger Mahmoud Abbas la reconnaissance et la légitimité internationale qui lui ont fait tant défaut.
Devant cet encerclement international, Ismaël Haniyeh avait reçu le soutien de l’Iran et d’Al Qaida, deux forces aux intérêts immédiats divergents mais aux objectifs stratégiques similaires.
Le président iranien Ahmadinejad s’en prend à «ceux qui prétendent défendre depuis 60 ans l’autodétermination et la démocratie», d’avoir «utilisé tout leur pouvoir pour tuer et déplacer les gens et installer un gouvernement de laquais en Palestine» avant de lancer cet avertissement qui augure d’une implication de plus en plus active de l’Iran auprès des Palestiniens : «L’époque de l’intimidation et de l’humiliation des nations est terminée, et ne pensez pas que vous pouvez vous rassembler dans  une ville et décider et dire ensuite que la question palestinienne est close».
Le réseau d’Al Qaida dont le numéro deux Ayman Al Zawahiri n’avait raté ces derniers temps aucun enregistrement audio, aucune intervention télévisée pour fustiger les choix politiques de la direction palestinienne dans son ensemble et du Hamas en particulier, vient de lui proposer des étreintes empoisonnées : «Nous devons aujourd’hui soutenir les moudjahidines en Palestine, y compris les moudjahidines du Hamas malgré toutes les erreurs de  leur direction». Dans cette intervention, Al  Zawahiri y détaille la stratégie à suivre : «soutenir les moudjahidines du Hamas» en «s’engageant dans leurs rangs», en «leur apportant de l’argent» ou  «en tentant de briser l’embargo que leur imposent les Croisés et les dirigeants arabes traîtres (…) Nous les soutenons en facilitant le passage des armes et des provisions à partir des pays voisins (…) de la Palestine en général et de Gaza en particulier».
Depuis Paris, la secrétaire d’Etat américaine Condoleeza Rice fait ce constat : «les extrémistes se lient aux extrémistes» suscitant de nombreuses interrogations sur les prochaines phases politiques et militaires de ce processus d’isolement. 
Avec de tels soutiens déclarés, l’Iran et Al Qaida, et des voisins aussi craintifs comme l’Egypte ou la Jordanie,  Ismaël Haniyeh,  qui échappa à de nombreuses tentatives d’assassinats, sait que les épreuves à venir sont cruciales pour sa propre survie. Il sait aussi qu’Israël détient de nombreuses cartes vitales pour le faire plier et dispose d’une palette de moyens de pressions qui vont de l’étranglement économique à l’invasion militaire.
D’où sa disponibilité presque instinctive à répondre favorablement à toute offre de médiation que des pays  comme l’Arabie Saoudite ou l’Egypte lancent pour arrêter l’hémorragie.
Hosni Moubarak en a résumé l’esprit : «J’ai affirmé que revenir au dialogue, entre les fils de la Palestine et aboutir à une position commune parlant au nom de leur peuple et de leur cause, était une nécessité qui ne peut être retardée». 

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