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Rama Yade perd et reste au gouvernement

© D.R

Lorsque Rama Yade battait le pavé de Versailles à grandes enjambées et que ses chaussures noires se couvraient ostensiblement de la poussière blanche  de l’immense cour du château, elle devait certainement se douter qu’elle n’allait pas tirer grand bénéfice du grand remaniement en cours de fabrication. Ne s’était-elle pas opposée frontalement à Nicolas Sarkozy pour la conduite de la liste UMP de l’Ile-de-France au risque de donner des arguments à l’opposition sur des exemples de ministres qui manquent tellement de confiance et d’engagement dans leurs propres familles.
Maintenant que Nicolas Sarkozy a gagné les européennes et laminé ses adversaires au point de pouvoir s’offrir, sans grand risque d’être contredit,  une démonstration de force historique et un grand show inédit à Versailles, ceux ou celles qui avaient joué les rabat-joie et les tueurs d’enthousiasme n’ont qu’à bien se tenir. Leur heure de fin de gloire est arrivée. Rama Yade faisait partie de cette catégorie.
D’autant plus qu’elle avait, en tant que secrétaire d’Etat aux Droits de l’Homme, un talent unique pour énerver  et sortir de ses gonds son ministre de tutelle Bernard Kouchner. Ses petites envolées lyriques sur la situation des droits de l’Homme dans des pays avec lesquels la France compte commercer avaient donné des cheveux blancs supplémentaires à Bernard Kouchner. N’avait-il pas, dans une colère froide, reconnu, au risque de renier tout son héritage et son vécu politique, que la création de ce secrétariat d’Etat aux Droits de l’Homme était une erreur. Ce qui lui avait valu un monstrueux tollé dans la galaxie des associations des droits de l’Homme.
Rama Yade a été non seulement débarquée de ce secrétariat d’Etat aux Droits de l’homme, mais le secrétariat lui avait disparu, réalisant un vœu du ministère des Affaires étrangères qui ne voyait pas d’un bon œil une synthèse possible entre la défense des droits de l’Homme et une politique étrangère responsable.
Et c’est comme cela que Rama Yade s’est retrouvée à la tête d’un autre secrétariat d’Etat, celui du Sport auquel seule, sans doute, sa taille athlétique  et son jeune âge la destinaient. Nicolas Sarkozy était presque dans l’obligation politique de garder Rama Yade dans le gouvernement Fillon 4. Plusieurs raisons expliquent cette situation. La première est que le président de la République ne voulait pas donner l’impression de sanctionner ceux qui tenaient tête et refusaient de se plier à ses quatre désirs. Il a, par contre, sanctionné ceux qu’il estimait incompétents comme Christine Albanel, Roger Karoutchi ou Christine Boutin.
La seconde raison est qu’avec l’exfiltration de Rachida Dati vers le Parlement européen, se passer des services de Rama Yade aurait été un coup dur pour la politique de diversité qui avait fait son label de succès et d’estime en France et de par le monde.
L’arrivée d’une députée européenne d’origine algérienne, Nora Berra, au secrétariat d’Etat chargé «des Aînés» n’aurait pas suffi à pallier la brusque disparition de deux icônes abrasives de la diversité que sont Rachida Dati et Rama Yade. Et c’est sans doute comme cela que Rama Yada a pu sauver sa présence au gouvernement. Elle a beau claironner sur les antennes qu’il s’agit d’un beau ministère et qu’elle n’était pas au «Prisunic» pour choisir ce qu’il lui sied, il n’empêche que l’impression est installée que cette nomination n’avait d’autres objectifs que d’épargner à Nicolas Sarkozy un net recul dans le domaine de la diversité où il était entré dans l’histoire par la grande porte.
Lors de la cérémonie de  passation avec le titulaire du poste Bernard Laporte, Rama Yade a eu un avant-goût de ce qui pouvait l’attendre dans ses nouvelles fonctions. Bernard Laporte qui est passé maître dans l’art de commettre une gaffe par intervention, n’avait pas déçu ce jour-là lorsque s’adressant à Rama Yade, il avait dit : «Je suis très heureux de te passer le relais (…) J’aime te regarder droit dans les yeux car tu le sais, j’ai toujours eu beaucoup de rapports avec toi». Cette phrase avait déchaîné l’hilarité générale et remis au goût du jour sa mauvaise blague lorsque, contre toute attente, il s’était un jour saisi du micro pour dire qu’il n’était pas le père de la petite Zohra que Rachida Dati venait de mettre au monde.

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