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RDC : Une démocratie à dimension régionale

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Les 52 millions de Congolais retiennent leur souffle. Le président Joseph Kabila devra passer par l’épreuve du  deuxième tour prévu en octobre prochain avant de savourer une éventuelle réélection. Arrivé à la tête du scrutin durant le premier tour, avec 40%, le fils de feu Laurent Désiré Kabila, affrontera  son vice-président Jean Pierre Bemba, fondateur du groupe armé  MLC  (Mouvement pour la libération du Congo, basé à Kisangani) et  deuxième avec 20% des voix.
L’opposant  bénéficierait déjà  du report et des motions de soutien de plusieurs partis et groupuscules. Il n’en fallait pas tant pour que Kinshasa ne se transforme en théâtre d’opérations sanglantes, parfois à l’arme lourde,  entre partisans des deux rivaux. Et…que de l’autre côté du fleuve, au Congo Brazaville, et même au Gabon (qui a dépêché immédiatement des soldats en renfort au contingent l’ONU), des tractations ne soient mises en branle pour ramener le calme.
C’est que, à travers ces élections qui se déroulent dans un pays grand  à peu près quatre fois et demi la France et dont les richesses lui valent  le surnom de “scandale géologique“, c’est toute la stabilité de la  région des Grands Lacs qui est une nouvelle fois remise en  jeu.
C’est aux portes de la RDC, en effet, au Rwanda,  que s’est déroulé, en 1994, ce qui a été  communément appelé le génocide rwandais. Ce massacre entre les ethnies tutsis et hutus où un million de personnes perdirent la vie, allait rapidement gagner le Congo.
Moins de  trois ans après ces événements tragiques, Laurent  Désiré Kabila  sort de son  maquis du Katanga natal. Soutenu par les groupes rwandophones  Bamyamoulengués, établis dans cette zone depuis le 19e siècle,  le «Mzee»,  renverse Mobutu Sesse Seko, l’homme-Léopard, au pouvoir depuis trente ans et qui est à l’origine de la «zairisation du Congo». Une nouvelle donne politico-ethnique prend place aussitôt.
L’Alliance des forces démocratiques, emmenée par Laurent Désiré Kabila, se trouve rapidement en porte-à-faux avec ses alliés, notamment le Front patriotique rwandais et le gouvernement de l’Ouganda. La guerre ethnique entre Hutus et Tutsus contamine l’Est du Congo où  des milliers de Hutus, fuyant  le Rwanda, ont trouvé  refuge, parfois  avec armes et bagages.
Bientôt plusieurs camps de réfugiés sont formés. Conséquence : l’Est du Congo devient ingouvernable. La différence de culture et de langue entre les Bamyamoulengués, déchus de leur nationalité en 1981 par Moboutou, et les Congolais attise les tensions à Kinshasa.
 De plus en plus rebelle face à ses mentors, Kabila échappe  miraculeusement à un coup d’Etat mais tombe,   en 2001, sous les balles de  l’un de ses gardes du corps. Trente personnes seront exécutées au terme d’un procès controversé. .
Les jeux des alliances aidant, le conflit intercongolais, alimenté à partir de 1998 entre plusieurs factions, embrase neuf pays de la région à des degrés divers. Qualifié de «génocide congolais», cette guerre de quatre ans a causé la mort de 4,5 millions de personnes dans le pays.
Entre-temps, aux guerres ethniques, sont venues se greffer les guerres pour les contrôles des gisements de diamant et des richesses des pays. Une multitude de groupes armés parfois soutenus de l’extérieur, parfois au solde des multinationales, imposent leurs lois.
Le pays sombre dans le chaos jusqu’à la mise en place, en juin 2003, d’un gouvernement de transition formé avec les principales tendances du pays. Ce gouvernement, dont l’objectif était de rétablir la paix et d’organiser des élections démocratiques, a réussi la première partie de sa mission. La deuxième, ( la plus difficile ?) sera d’amener le vainqueur et le vaincu du deuxième tour du scrutin présidentiel à se serrer la main.

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