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Tchétchénie : Le bourbier russe

Le 1er octobre 1999, les troupes russes pénètrent à nouveau dans la petite république caucasienne après un premier conflit qui a duré de 1994 à 1998. Cette fois-ci le Kremlin entend rétablir le retour à « l’ordre constitutionnel» en Tchétchénie, dont les militants séparatistes sont accusés d’être à l’origine du «septembre noir» moscovite.
Entre les 9 et 13 septembre de cette année-là, une série d’attentats à la bombe ont fait près de 300 victimes en Russie. Deux explosions à Moscou ont causé à elles seules la mort de plus de 200 personnes. Jamais revendiqués, ces attentats sont aussitôt mis sur le compte des Tchétchènes. Quelques jours plus tard, les autorités font aussi état de l’incursion armée «d’un groupe d’extrémistes islamistes au Daguestan». L’intervention démarre alors dans ce pays voisin avec pour objectif le retour par la force de la république tchétchène dans le giron russe.
Trois années plus tard, le résultat est pourtant loin d’être à la mesure des ambitions du Kremlin, qui avance un chiffre de 4.500 soldats tués dans ses rangs. Plus de 11.000 selon le «Comité des mères de soldats». Les forces russes affirment aussi avoir éliminé 13.000 rebelles mais restent beaucoup moins loquaces sur le sort des civils. Ce conflit est d’ailleurs tellement enlisé et les informations qui en proviennent tellement rares et douteuses que les observateurs ont du mal à estimer les dégâts qu’il entraîne.
Une ONG russe, Mémorial, parle de 10.000 à 20.000 civils tués, victimes des bombardements, de «ratissages» aveugles, des mines, ou du banditisme. Le nombre même de personnes vivant en Tchétchénie oppose Moscou – qui avance le chiffre de 850.000 – aux ONG – qui estiment à 250.000 le nombre d’habitants dans cette république. Sans compter les personnes déplacées, notamment en Ingouchie voisine (147.000 réfugiés), théâtre de combats entre Russes et indépendantistes de façon intermittente. L’enlisement de Moscou dans ce conflit est d’autant plus dramatique que le rapport des forces entre les deux adversaires est très disproportionné : 80.000 soldats russes sur le terrain contre 1.500 à 5.000 rebelles, rassemblés depuis l’été dernier autour du président Aslan Maskhadov. Cette guerre meurtrière vit surtout au rythme d’exactions quotidiennes contre la population, et de harcèlements contre les soldats russes par les séparatistes. Le 19 août dernier, un hélicoptère militaire gros porteur a notamment été abattu par un missile près de Grozny, faisant plus de 120 morts. Des adolescents «rebelles» de 13-14 ans ont aussi été identifiés comme les auteurs d’un attentat à la bombe qui a tué sept civils le 16 septembre à Grozny. Les combattants tchétchènes, infiltrés dans les républiques voisines, poussent Moscou vers la régionalisation du conflit. La Russie a d’ailleurs menacé début septembre de mener des frappes en Géorgie contre des «bases» rebelles si Tbilissi ne faisait rien. Lundi, le président Chevardnadzé a assuré que la question était «réglée» puisque tous les «terroristes» – terme utilisé par le Kremlin depuis le 11 septembre 2001 – ont été repoussés hors des gorges de Pankissi, situées au nord. Le chef de l’administration tchétchène pro-russe Akhmad Kadyrov a pour sa part estimé mardi que «l’épine dorsale des combattants avait été brisée» mais que «tout aurait pu se terminer plus tôt si les militaires n’avaient pas touché aux civils».
«Les opérations sauvages dans les villages, les nettoyages ou, comme on les appelle officiellement, les contrôles d’identité ne font que renforcer l’opposition», a-t-il poursuivi. Ils donnent surtout un visage plus atroce encore à ce conflit.

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