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Athlétisme : La fuite des jambes

© D.R

Hind Chahid Dehiba, un nom qui a fait beaucoup parler de lui ces derniers jours. Cette athlète, spécialiste du demi-fond, essentiellement le 1500m, a en effet soulevé une véritable petite tempête sur la scène athlétique nationale.
L’affaire remonte à mercredi dernier. Une dépêche de l’agence AFP annonce l’obtention officielle de l’athlète marocaine de la nationalité française.
L’athlète, française donc depuis l’officialisation de sa naturalisation avec la parution du décret dans le journal officiel, est directement sélectionnée en équipe nationale française puisqu’elle a réussi les minima olympiques (4:03.72 pour 4:04.80), le 2 juillet dernier au meeting de Rome, temps qui fait d’elle la 10ème performeuse de l’année. Une information qui tombe tel un couperet dans les milieux athlétiques marocains.
La réaction du Maroc ne s’est pas fait attendre. La Fédération royale marocaine d’athlétisme (FRMA) a fait part jeudi de son « étonnement» suite à cette naturalisation. A une vingtaine de jours du début des Jeux Olympiques d’Athènes, les épreuves de l’athlétisme devant se dérouler du 20 au 29 août, plus de place aux hésitations ou aux changements de dernières minutes sur la liste officielle des athlètes marocains qui doivent prendre part au plus grand rendez-vous sportif de la planète. La liste des athlètes doit en effet être divulguée deux semaines avant le début de la compétition.
Or, la jeune athlète de 24 ans y figurait. C’est en tout cas ce que l’instance fédérale nationale a révélé par voie de communiqué de presse. Cette dernière a précisé : «Le Comité national olympique marocain a bel et bien engagé Hind Chahid Dehiba sur l’épreuve du 1500 m». Le communiqué fédéral donne même son numéro d’accréditation, 353957 en l’occurrence. Chose que l’athlète et son mari nient catégoriquement. Son mari et manager franco-marocain, Fodil Dehiba, a expliqué dans des propos relayés par l’agence AFP que « Hind n’a jamais donné son accord, ni signé la charte olympique, ni envoyé de documents avec le Maroc. Au contraire, elle l’a fait avec la France ».
Et d’ajouter que son épouse n’a pas contacté les gens de la FRMA depuis mars dernier lorsqu’elle avait refusé ses sélections pour les Mondiaux en salle et les Mondiaux de cross country. Au sujet de contacts entre les deux parties, deux versions existent également. Celle de l’athlète qui affirme que depuis son mariage en mars 2003 et son installation à l’Institut national du sport et de l’éducation physique (INSEP), près de Paris, elle a rompu tout contacts avec les responsables marocains. Faux, rétorque Mohamed Ennouri, président de la Commission des statuts et règlements à la Fédération marocaine.
« Le dernier contact entrepris avec elle et son mari remonte seulement à quelques jours de la date de sa naturalisation », a-t-il tenu à préciser à l’agence MAP. M. Ennouri a ajouté que l’athlète Hind Chahid, spécialiste du demi-fond, dispose encore de sa licence de son club d’origine, à savoir l’Association sportive d’Abi Jaâd dont il est lui-même le président, faisant remarquer que l’athlète l’avait à maintes reprises contacté pour lui réitérer sa disposition de défendre les couleurs nationales à Athènes.
Fodil Dehiba aurait même demandé aux responsables de la fédération de mettre son nom sur la liste des membres de la délégation marocaine aux Jeux Olympiques d’Athènes pour accompagner sa femme, selon une autre source de la FRMA.
Le cas Dehiba n’est pas le seul. Ce n’est qu’un fait parmi d’autres qui rappelle la situation que vit l’athlétisme national, sérieusement menacé par le départ d’athlètes vers d’autres cieux.
En début de ce mois, la surprenante première place de Rachid Ramzi sur le 1500m du meeting de Rome, épreuve lors de laquelle le quadruple champion du monde de la distance Hicham El Guerrouj s’est classé 8ème, a remis sur la scène nationale ce problème de « fuite des athlètes ».
Si le jeune Ramzi, en plus de nombreux autres athlètes, a choisi la nationalité bahreïnie pour fuir «Le je-m’en-foustisme flagrant au sein de la fédération marocaine », d’autres athlètes ont préféré prendre la direction de l’Europe, ou même traverser l’Atlantique comme c’est le cas du marathonien Khalid Khennouchi, qui a longtemps détenu la meilleure performance mondiale de cette distance-reine (record du monde).
C’est le cas de plusieurs spécialiste de demi-fond installés en Europe. Ainsi, Driss Mazouzi, et plus récemment Fouad Chaouki, ont choisi de courir sous le drapeau tricolore. Mohammed Mourhit s’est pour sa part dirigé vers les Belges.
Une seule considération derrière tous ces départs. Elle est d’ordre matériel. Tous ces athlètes cherchent de meilleures conditions de préparation et d’épanouissement.
Leur plan de carrière y est plus clair. Ce qu’ils ne trouvent pas apparemment du côté de leur fédération-mère.

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