Sports

Dopage : un problème de santé publique

Aujourd’hui Le Maroc : Dans quelle mesure la commission anti-dopage de la CAN pourrait-elle avancer la lutte contre ce fléau en Afrique ?
Dr. Abdelmalek Sentissi : Les tests anti-dopage ne sont pas effectués uniquement au niveau de la Coupe d’Afrique des Nations. Ils ont également eu lieu lors des rencontres de la Champion’s League. Cette année, la CAF n’a procédé à des prélèvements qu’à partir des quarts de finale, mais dès la saison prochaine, toutes les rencontres comptant pour cette compétition réunissant les meilleures équipes africaines seront concernées. Pour ce qui est de la C2 qui, comme vous le savez, remplacera la Coupe de la CAF l’année prochaine, des tests anti-dopage ne sont prévus qu’à partir de la saison 2005-2006. En ce qui concerne la CAN, la CAF a commencé pour la première fois à tester les jouer en 1996 lors de l’édition organisée en Afrique du Sud. Des tests ont également eu lieu lors des éditions organisées au Burkina Faso, au Ghana-Nigeria et au Mali.
Comment ces tests s’effectuent-ils concrètement ?
Les tests s’effectuent suivant les normes internationales, mises en place par le Comité international olympique. Des prélèvements ont lieu après chaque rencontre et concernent deux joueurs par équipe, tirés au sort. Ces prélèvements subissent par la suite des tests dans un laboratoire local reconnu par le CIO. En Afrique, il n’en existe que trois : un premier en Tunisie, un autre en Egypte et un troisième en Afrique du Sud.
Où en est la lutte anti-dopage dans le football africain ?
Il est difficile de brosser un tableau complet concernant la lutte anti-dopage dans le milieu footbalistique africain. Pour ce qui est de la CAN, le problème ne se pose pas puisque la plupart des internationaux évoluent en Europe. Ils subissent donc régulièrement des tests que ce soit dans le cadre de leurs championnats ou des compétitions européennes. Mais pour ce qui est des championnats africains, la vision est floue. Nous ne disposons pas au sein de la commission médicale de la cAF de données exactes concernant le nombre de joueurs dopés, ni même la nature des substances qui circulent en Afrique. C’est ce qui est très grave. Il ne faut pas omettre que le dopage est avant tout un problème de santé publique, avant qu’il ne soit un problème d’éthique sportive ou de chances inégalées. En plus, les fédérations africaines qui procèdent à des tests anti-dopage ne sont pas nombreuses. An Afrique du Nord, seuls deux pays effectuent ce genre de tests : la Tunisie et l’Algérie. Dans le premier pays, les prélèvements sont systématiques et concernent toutes les rencontres du championnat national de football. Ils ont même été généralisés à d’autres sports. L’année dernière, près de 900 sportifs, toutes disciplines confondues, ont été contrôlés. En Algérie, les contrôles concernent à présent deux rencontres en championnat. Mais selon les informations dont nous disposons au sein de la commission médicale de l’instance africaine, les tests vont être systématiques pour tous les matches du championnats.
Qu’en est-il de cette lutte au Maroc?
Je ne peux franchement pas vous répondre avec toute exactitude. Le dopage sévit bien évidemment dans notre football. Mais pour en mesurer l’ampleur, il faudrait procéder à des contrôles, chose qui ne s’effectue pas automatiquement au Maroc. La FRMF a pensé à généraliser les contrôles en championnat du GNF mais je ne sais pas exactement l’état d’avancement du projet. Les autres disciplines ne se trouvent même pas concernées par cette lutte anti-dopage, et c’est ce qui est encore plus grave. Une exception est pourtant à relever. Elle concerne l’athlétisme, discipline dont les adeptes sont contrôlés inopinément par l’IAAF et la FRMA. Pour effectuer des contrôles, il faudrait bien sûr disposer de laboratoires accrédités par le CIO, et qui n’existent pas au Maroc. Nous avons bien essayé il y a six ans mais notre démarche n’a pas eu de suite. Mais dans le cadre de la candidature du Maroc à l’organisation de la Coupe du monde 2010, l’existence d’un tel laboratoire devient une nécessité. Et le Maroc est compétent à ce sujet. Nombre de laboratoires marocains ne trouveront pas de grandes difficultés à faire valider l’un de leurs laboratoires puisque les compétences existent. Il ne faudrait que les équiper adéquatement.
L’absence de contrôle régulier n’est-il pas dû au coût élevé des tests ?
Que vaut la vie d’un sportif ? 1000 DH ? Il faut se mettre dans la tête que le dopage est une sorte de suicide. Au Maroc, la plupart des produits dopants proviennent de l’étranger et ne sont sujets à aucun contrôle médical. C’est sur ce point que nous essayons, au sein de la Société marocaine de la médecine du sport, de concentrer nos efforts de sensibilisation.

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