Michael Schumacher (Ferrari) a accaparé l’attention en annonçant sa prochaine retraite, dimanche à Monza, mais en remportant le Grand Prix d’Italie de F1 il est également revenu sur Fernando Alonso (Renault) et peut légitimement espérer une huitième couronne mondiale.
À trois courses de la fin du Championnat, Schumacher, victorieux une cinquième et dernière fois sur les terres de Ferrari à qui il doit sa légende, ne compte plus que deux points de retard sur Alonso, tandis que chez les constructeurs, la Scuderia a pris une avance de trois points sur Renault.
L’Espagnol, victime de son moteur à moins de dix tours de l’arrivée alors qu’il avait réussi une remontée époustouflante de la 10e position sur la grille à la 3e place en course, rentre bredouille d’Italie.
Bredouille, mais pas indemne. Car la décision de la Fédération internationale de l’automobile (FIA) de le rétrograder de la 5e à la 10e position sur la grille pour avoir "gêné" la Ferrari de Felipe Massa en qualifications a manifestement atteint Alonso qui déclarait, dépité avant la course, que "la F1 n’était plus un sport".
«L’issue de la course a été décidée en dehors de la piste, samedi soir», affirmait dimanche un Alonso faisant bien peu de cas de Kimi Räikkönen (McLaren-Mercedes), auteur de la pole et deuxième de la course. Aussi, Monza risque de laisser des traces plus profondes, moins visibles.
Car si le pilote a conservé son sang froid, son patron Flavio Briatore s’est, lui, laissé aller. «Ils (la FIA) ont décidé de donner le championnat à Schumacher et c’est ce qui va se passer», a déclaré Briatore lors d’une émission à la télévision italienne.
Et sa tentative pour rattraper le coup semblait bien maladroite. «C’est une plaisanterie qui a été mal interprétée. Mais j’ai toute confiance dans les dirigeants de notre sport», assurait-il dimanche soir dans un communiqué concocté dans l’urgence.
Face à la fébrilité du camp Renault qui sent que tout lui échappe, les hommes de la Scuderia pouvaient à la fois encaisser et savourer le moment.
Il fallait en effet vite refermer le dossier "retraite" de Schumacher, évacuer toute tristesse et tout sentiment pour se concentrer sur les dernières courses et les titres mondiaux désormais à portée de la main.
Aussi, avait-on beau jeu chez Ferrari de condamner les déclarations d’un Losange agonisant.
«Je suis très triste de voir le niveau où l’on est tombés, assénait dimanche soir le directeur général de Ferrari, Jean Todt. J’ai beaucoup de respect pour leur compétitivité, mais j’en ai bien peu pour leur arrogance et leur comportement antisportif». «Il faut savoir accepter de perdre et respecter les plus forts qui gagnent… comme nous l’avons fait par le passé», sermonnait Todt.
Toute polémique mise à part, Schumacher et Alonso repartent dos à dos pour les trois dernières courses.
Et l’Allemand, débarrassé du poids écrasant du secret d’une décision historique qu’il conservait depuis le GP des Etats-Unis en juillet, peut ouvertement prétendre à sa 8e couronne.
«Nous sommes en tête chez les constructeurs et, en ce qui concerne le titre pilotes, nous ne sommes plus dépendants des résultats de nos adversaires», savourait-il.
Mais le jeune loup Alonso a encore les crocs qui rayent l’asphalte: « Je me dirigeais vers un podium facile dimanche et nous avons démontré que, sans la pénalité, la voiture était en mesure de se battre pour la victoire».