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La saga d’un golfeur surdoué

Il a vingt-trois ans. Il est champion du Maroc de golf amateur. Mais il a l’air d’un petit enfant égaré dans la jungle des grands comme on en trouve beaucoup dans le milieu du golf. Quand on l’a abordé pour lui dresser ce portrait , Abdelhak s’est comporté comme un élève qui passait un examen : «Vous croyez que j’ai bien dit, que j’ai tout dit pour que l’on comprenne ma situation et que l’on ne me pousse pas à la désespérance Non seulement Sabi a tout dit sur son parcours et les obstacles qu’il rencontre, mais il l’a dit si clairement, si gentiment et si modestement, que son débit a été à jet continu sans la moindre hésitation, ni le moindre doute. Il a raconté toute sa vie, ses préoccupations présentes, ses inquiétudes pour l’avenir en moins de vingt minutes. C’est pour cela peut-être qu’il était étonné que cet entretien finisse aussi rapidement, mais ce qu’il ne savait pas, c’est que la sincérité résume tout en une phrase. Aussi rapidement que Sabi a su grimper les échelons pour devenir champion du Maroc après cinq ans seulement de pratique golfique. Une extraordinaire ascension qui n’est pas à la portée de n’importe qui, d’autant plus que ce jeune doué a souffert le martyre faute de moyens financiers. Le fait même que ce Fédalien puisse accéder à un terrain de golf est déjà un exploit quand on sait ce que coûte un club. Alors de là à concurrencer les plus Lotis et les plus nantis de ses coéquipiers, c’est faire preuve d’une volonté sans faille.
Il faut le faire quand on sait que Abdelhak est issu d’une famille nombreuse et modeste dont il est l’aîné et dont le père subvient à ses besoins en travaillant dans club de golfde Mohammedia (RGAM). D’ailleurs, cette famille semble destinée à jouer divers rôles dans le golf puisque l’oncle de Sabi Abdelhak n’est autre que le professionnel Gita Larbi. Normal que Abdelhak soit passionné par ce sport dès son jeune âge, quand il accompagnait son père au club du RGAM. Depuis son enfance d’ailleurs, il a essayé de convaincre son père de lui permettre de pratiquer le golf, mais les conditions n’ont jamais été favorables. Abdelhak s’est mis alors à pratiquer son sport favori dans la rue en confectionnant des balles, des trous et des clubs de fortune. Il a joué longtemps avec ses copains à cette simulation tout en apprenant les ficelles du métier en épiant ses aînés et surtout son oncle Larbi Gita.
L’attente sera longue, mais Sabi ne se résignera jamais même si les années défilaient devant lui en rétrécissant ses chances de fouler le gazon d’un vrai golf. Mais le jeune homme était très tenace pour qu’il pense un jour à abdiquer même si à 17 ans les dés semblaient jetés pour commencer la pratique d’un sport. Abdelhak ne l’entendit pas de cette oreille et son oncle Larbi Gita, en professionnel attitré, a été le premier à le comprendre en le recrutant dans l’école de formation du golf de Benslimane. Il ne le regrettera pas, bien au contraire.
Deux ans de formation et le petit novice est devenu un grand pour remporter le premier prix dans le premier tournoi junior qu’il dispute. Il ne faut pas être sorcier pour conclure que ce golfeur a le club dans le coeur et le trou trop près des yeux pour qu’il manque de précision. Quand il dépasse l’âge des juniors, il remporte encore la première compétition qu’il dispute avec la série hommes dans le tournoi de la RAM.Rien plus ne l’arrêtera. L’ex-entraîneur de l’équipe nationale, l’Anglais Peter Dawson, va rapidement remarquer ses talents en le voyant jouer à Mohammedia. Il le convoque sur le champ pour passer un stage d’un an avec l’équipe nationale : «C’est au cours de ce stage que j’ai appris les ficelles du métier, mais malheureusement, l’entraîneur anglais est parti et chacun des sélectionnés est resté livré à lui-même.» Abdelhak a continué à s’entraîner avec les moyens de bord et si ce n’est l’aide de Jamal Ait Menna, il n’aurait jamais trouvé les moyens de se procurer le matériel pour jouer. Tenace, il l’est devenu encore plus puisqu’il s’est classé deuxième dans le tournoi de qualification pour participer avec la sélection nationale dans les championnats arabes en Egypte. L’équipe nationale y avait remporté le deuxième prix. Sabi est le meilleur amateur au Maroc puisqu’il réussit à donner du fil à retordre aux professionnels les plus aguerris.
Mais malheureusement, ni son club, ni la fédération ne sont intéressés à son cas pour lui donner les moyens de ses ambitions, comme en bénéficient les deux professionnels Younes Hassani et Jordan Amine.
L’avenir de Sabi Abdelhak repose sur l’apport d’un sponsor car il lui faut, au moins, participer à dix tournois internationaux par an pour qu’il puisse suivre le rythme. Abdelhak a les moyens physiques et techniques pour embrasser une belle carrière professionnelle, pourvu qu’il trouve un parraineur à sa portée. Sinon, dit-il, «il faut bien que je trouve un autre moyen pour vivre et subvenir aux besoins de ma famille.» Avis aux amateurs.

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