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Le PJD conforte son leadership avec 107 sièges : Un vote de prudence et non pas un vote sanction

Il faut reconnaître que les résultats du scrutin ont été une surprise. Non pas parce que le PJD est arrivé en tête, mais plutôt par l’ampleur de son score. 107 sièges, soit 47 sièges d’écart avec le deuxième, le parti de l’Istiqlal, qui en a obtenu 60. On a rarement vu un tel score et un tel écart, même quand on remonte jusqu’aux élections de 1997, moment auquel la Koutla était encore puissante, tirée par l’USFP au top de sa forme puisqu’il était encore dans l’opposition. Certains analystes parlent de vote sanction. Une telle thèse ne tient pas la route pour la simple raison que les grands partis de la majorité qui était aux commandes ont tous amélioré leur performance. L’Istiqlal est passé de 52 à 60 sièges, le RNI de 39 à 52 et l’USFP de 38 à 39. Même le PAM, que l’on disait handicapé par ses multiples étiquettes et affaibli par les secousses qu’il a vécues ces deux dernières années, a obtenu un score respectable de 47 sièges. Les chiffres sont clairs : il n’y a pas eu de vote sanction. Les cinq grands partis qui se sont classés premiers ont tous puisé dans un nouveau réservoir d’électeurs, mais c’est manifestement le PJD qui a su en tirer le plus profit. Pourquoi ? Aux élections de 2007, rappelons-le, le PJD avait obtenu 46 sièges. Ceux qui ne croyaient pas à un raz-de-marée du PJD en 2011 avançaient comme argument que le parti de Abdelilah Benkirane avait très certainement fait le plein en 2007 étant donné que son électorat est connu pour être discipliné et qu’il était parti aux urnes en masse en 2007. En d’autres termes, le PJD ne pouvait raisonnablement compter que sur la population d’indécis et, vraisemblablement, ne pouvait pas obtenir beaucoup de sièges en plus. Or le parti est passé de 46 sièges à 107. Logiquement, il ne peut pas avoir puisé toute la différence dans la population d’indécis. Ce qui est aujourd’hui sûr c’est que le PJD a recruté en masse dans de nouvelles franges de société insoupçonnables. Prenons le cas de la circonscription d’Anfa à Casablanca. Voilà un quartier des plus huppés de la capitale économique qui est normalement de nature plus «occidentalisé» dans son mode de vie et qui a pourtant voté massivement pour un PJD conservateur et à référentiel religieux. Les exemples de ce genre sont nombreux. Dans les milieux d’affaires et les familles aisées, le PJD est assurément présent. C’est à ce titre que des analystes, et ils ne sont pas minoritaires, expliquent cette poussée du PJD par un autre phénomène qui, lui, est plus conjoncturel, lié à ce qui se passe dans les pays de la région. Un vote non pas sanction mais un vote de prudence pour ne pas dire de peur. Pour certains, si le PJD n’avait pas gagné, on aurait eu un mécontentement général de la rue qui aurait pu dégénérer en un mouvement plus grave. Le syndrome de la Tunisie et de l’Egypte était présent. Et de l’Algérie aussi qui a sombré dans une guerre civile quand, en 1991, l’Etat avait décidé d’interrompre les élections législatives à la suite d’un raz-de-marée du FIS. Ce sont probablement de telles situations que des électeurs avaient aussi peur. Mais tout cela n’enlève rien au travail réalisé par le PJD que ce soit sur le terrain ou au Parlement en tant qu’opposition. Sa performance suppose évidemment un effort colossal. Pendant quatre ans, le PJD a abattu tout ce travail et personne n’a rien vu venir. Assez étonnant.

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