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Miloud Belkadi : «Des moments difficiles attendent la majorité gouvernementale»

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ALM : Trois mois après la formation du gouvernement, des divergences font surface entre ses membres. Quelle lecture faites-vous de la situation actuelle ?
Miloud Belkadi : Ces divergences étaient prévisibles puisque le gouvernement n’est pas issu d’un pôle homogène. Chaque parti a une histoire et un référentiel idéologique différent. Les divergences entre les composantes de la majorité risque même d’augmenter. Il me semble que des moments difficiles attendent la majorité gouvernementale au Parlement. Des nouvelles divergences pourraient apparaître sur des sujets aussi sensibles que la langue amazighe, la parité Homme-Femme et les droits de l’Homme.

Les élections communales et régionales approchent. Est-ce qu’il faut s’attendre à une reproduction de la majorité parlementaire sur les plans local et régional ?
Il faut faire la distinction entre les alliances au niveau du Parlement et les alliances sur les plans local et régional. De ce point de vue, je crains bien fort que la majorité parlementaire actuelle formée par le PJD, l’Istiqlal, le Mouvement populaire et le PPS, ait des difficultés à reproduire son alliance après les communales pour différentes raisons. Il y a tout d’abord des raisons objectives car de nombreux partis éprouvent des difficultés à contrôler leurs élus locaux. Il y a ensuite des raisons subjectives puisque certains élus locaux vont chercher plutôt leurs propres intérêts dans la formation des alliances locales et régionales que l’intérêt du parti et encore moins celui du pays.

Pensez-vous qu’on pourrait assister à des scénarios similaires à ceux des communales de 2009 ?
Il ne faut pas oublier que le Maroc a adopté une nouvelle Constitution. L’interdiction formelle du nomadisme est un très grand avantage. La migration des élus d’un parti à un autre a toujours constitué un sérieux problème. Cependant, il va falloir consacrer cette interdiction dans les futures lois qui vont encadrer les prochaines élections. En effet, dans la Constitution ainsi que dans les lois actuelles, l’interdiction reste un terme générique. Il faut donc instituer une interdiction formelle du nomadisme notamment dans les collectivités locales.

En cas d’une victoire des partis de l’opposition actuelle, est-ce que la majorité risque de se fragiliser ?
Je pense que les prochaines élections seront le principal défi pour le Maroc d’une manière générale et le gouvernement particulièrement. Durant des années, nous avons donné plus d’importance aux législatives alors que les communales sont tout aussi importantes avec  un nombre d’élus pouvant atteindre 36.000. La majorité gouvernementale a tout intérêt à mettre en place une stratégie pour gagner au moins dans les grandes villes comme Casablanca, Rabat, Marrakech, Fès et Tanger. En cas d’une victoire des partis de l’opposition, la tâche deviendra très difficile pour le gouvernement.

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