Economie

Wafasalaf à l’assaut de Crédor

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Un parfum d’inachevé enveloppait l’annonce, jeudi 5 mai à Casablanca, de l’acquisition de Wafasalaf, filiale de la Banque Commerciale du Maroc-Wafabank et de Sofinco, de la société Crédor, entité financière de crédit à la consommation. Il faut dire que les initiateurs de l’opération ont été enclins à lever le voile sur l’acquisition des 86,81 % du capital de Crédor pour un montant de 371,7 millions de DH, soit 1.302.192 actions, au prix de 285,42 DH chacune. La surchauffe du cours boursier de Crédor devait impérativement être accompagnée par une livraison de toute information stratégique pouvant affecter la valeur. Toutefois, si cette opération s’inscrit parfaitement dans la logique de la stratégie tracée pour le nouveau champion BCM-Wafa: « être champion » sur ses métiers, la gestion dynamique du processus s’essouffle.
L’improvisation l’a emporté face aux intentions claires et précises ayant accompagné, jusqu’au là, le processus. Alors que l’annonce de la formation de l’ensemble BCM-Wafa s’est très bien accompagnée de l’intention affichée d’acquérir 100 % de Wafabank. Mieux encore, une tendance a même été livrée (15 % de prime initialement offerte, puis réajustée à 26 %). Dans le cas de Crédor-Wafasalaf, aucune intention ni tendance ne sont livrées…Ce qui pourrait nourrir les spéculations les plus diverses. Selon les propos de Boubker Jaï, directeur Général de BCM-Wafa : «Rien n’est acquis. Toutes les hypothèses sont envisageables ». S’achemine-t-on vers une offre publique de retrait (OPR), ou alors, une offre publique d’achat (OPA) est-elle envisagée ? rien n’est encore sûr.
Mieux encore, cette prise de participation reste soumise à l’accord du Conseil déontologique des valeurs mobilières (CDVM) et sera précédée par un audit des comptes de Crédor qui pourra donner lieu à un éventuel ajustement de prix, ont indiqué les concepteurs de cet accord, lors de la rencontre avec la presse.
Selon les termes du communiqué accompagnant cette annonce, l’ensemble Wafasalaf-Crédor va bénéficier d’un fort potentiel de croissance. Du point de vue commercial, ce rapprochement va permettre de consolider les produits des deux sociétés (une large gamme de produits classiques complétée par un crédit revolving), d’augmenter la complémentarité sur les segments de clientèle et d’élargir les partenariats commerciaux, tout en densifiant le réseau de distribution.
Toutefois, le management de BCM-Wafa a tenu à notifier le soutien du partenaire Françaix Sofinco (34 % du capital de Wafasalaf) à l’opération. Le partenariat est donné comme durable. Par conséquent, le désintérêt du Crédit Agricole France (société-mère de Sofinco) n’est pas total. Après avoir vendu ses participations dans Wafabank, il entend poursuivre la collaboration avec l’ensemble BCM-Wafa sous un nouvel angle. Globalement, les potentialités de développement du crédit à la consommation demeurent importantes.
Cependant, seules les sociétés qui ont la capacité de s’adapter au nouvel environnement, marqué par une concurrence croissante et un cadre réglementaire de plus en plus contraignant, peuvent tirer leur épingle du jeu. En effet, après des années de forte croissance marquées par une course effrénée au volume au détriment de la qualité des encours, le secteur marocain du crédit à la consommation a commencé à montrer de sérieux signes d’essoufflement dès la fin des années 90, suite notamment à l’instauration du TEG, en réaction au surendettement des ménages, et à l’établissement plus récent des nouvelles règles de classification et de provisionnement. Depuis l’année 2000, avec l’accélération de l’érosion des marges dans un contexte de tendance baissière des taux, conjuguée à l’impératif d’assainissement des portefeuilles et au relèvement substantiel du taux de provisionnement, les sociétés de crédit à la consommation ont vu leurs résultats régresser de manière significative. Autant d’arguments lourds en faveur d’un mouvement de concentration, surtout sur un marché formé d’une trentaine de sociétés dont l’essentiel est représenté par de petites structures, avec moins de 2 % de parts de marché.
La course à la taille critique et / ou l’adossement à des groupes bancaires a été déjà enclenchée avec le rachat d’Eqdom par la Société Générale et sa fusion avec Sogécrédit. Mouvement auquel ne peuvent logiquement se soustraire à terme d’autres opérateurs.

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