Société

«L’entreprise se démarque par ses hommes»

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ALM : Le monde de l’entreprise est en train de changer. De quels genres de managers les entreprises marocaines ont-elles besoin ?
Abdelhamid Lazrak : Effectivement, les entreprises sont actuellement en pleine mutation. Nous sommes d’ailleurs, au niveau des établissements de formation, en train d’évoluer afin de pouvoir accompagner le développement du monde de l’entreprise. Un manager est aujourd’hui appelé à être multidimensionnel. C’est un homme extrêmement cultivé. C’est aussi un jeune rompu à pratiquement toutes les cultures. Il faut que ce soit un homme actuel et actif. De nos jours, une entreprise ne se démarque en fait que par l’aura et par la culture de son top-management. C’est pour cette raison que dans nos écoles, nous accordons une place importante à cette dimension culturelle. Nous essayons, certes, de cerner toutes les spécialités indispensables à la formation en techniques de management, mais nous essayons surtout de former des hommes ouverts sur leur environnement. D’ailleurs, il s’est avéré vain d’avoir un bonhomme rompu aux techniques de management et de gestion, mais dont les qualités humaines et culturelles sont limitées.

Quelles sont les caractéristiques du manager de demain, sachant que les tendances de marché sont en pleine mutation ?
Durant les 50 dernières années, l’entreprise a, en effet, épuisé toutes les techniques de management. Elle a d’abord commencé par soigner sa production, puis la présentation de son produit. Quand ce problème a été dépassé, elle s’est attaquée à la qualité en établissant les différentes normes ISO. Mais actuellement, l’entreprise a franchi un nouveau cap. Elle compte, en effet, beaucoup plus sur la qualité de ses hommes. Aujourd’hui, l’un des départements les plus importants dans une entreprise est celui des ressources humaines. L’entreprise se démarque davantage par ses hommes.

Cet état des lieux s’est-il traduit par une plus grande implication des entreprises dans la formation et l’encadrement des étudiants ?
En effet, car actuellement, la formation devient également l’affaire de l’entreprise. C’est aussi son problème. Concrètement, les entreprises, dans l’élaboration de leurs plans, donnent presque la part égale au devenir de leur management qu’au produit qu’elles doivent mettre sur le marché. Une chose est sûre, l’avenir de l’entreprise repose en premier lieu sur le manager. C’est ainsi l’homme qui met en exergue le produit et non pas le contraire.

Les formations dispensées aux futurs cadres sont de plus en plus critiquées. Qu’en est-il du schéma reproduit par les écoles marocaines ? 
Il est vrai que les formations proposées, dans leur grande majorité, ne tiennent pas compte de la dimension humaine et sociale en matière de management. Mais ce nouveau management ne date que d’une vingtaine d’années. Depuis, tout a été chamboulé. Les universités ainsi que les écoles marocaines ont finalement compris que le monde de l’entreprise avait besoin de compétences et qu’il fallait davantage développer chez les futurs managers cette capacité d’être multi-compétents, ne serait-ce que par leur aura et par leur culture. On parle actuellement de plus en plus de coaching, de gouvernance… Ce sont des mots extrêmement forts, qui sont de plus en plus galvaudés et auxquels on doit donner une connotation propre. Le monde de la formation commence à comprendre qu’il y a actuellement une forte mutation en matière de management des entreprises. Nous en tenons compte, au niveau de notre école, depuis une dizaine d’années. J’ai personnellement lancé la double diplômation au niveau de l’IHEES.

Les écoles marocaines ont entrepris donc des changements dans la formation des cadres de demain ?
C’est tout à fait vrai. Nous sommes d’ailleurs étonnés de voir, par exemple, des écoles d’ingénieurs dispenser à leurs étudiants des notions en matière de management et de gestion, à côté de leur enseignement de base. Nous retrouvons, par ailleurs, cette même tendance au niveau des formations courtes, où une petite part est consacrée au développement de la personne et de sa capacité de gestion. C’est d’ailleurs ce qui fait la différence entre une personne et une autre quand elle souhaite accéder au monde de l’entreprise. Finalement, l’enseignement n’est plus ce qu’il était. Actuellement, c’est véritablement le multidimensionnel qui prime.

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